Le Palais Galliera présente une exposition consacrée au millésime 1997 de la mode dont le titre "1997 - Fashion Big Bang", reprenant celui d'un article du magazine Vogue Paris de l'époque, affirme le caractère déterminant au regard de l’histoire de la mode contemporaine.
Conçue sous le commissariat général de la directrice du lieu Miren Arzalluz et le commissariat scientifique d'Alexandre Samson, historien de la mode et responsable de collections au Palais Galliera, elle se déploie par ordre d'entrée chronologique sur le catwalk.
Assortie de vidéos et de documents d’archive inédits et scandé par le rappel de certains événements marquants, le parcours bénéficie d'une superbe mise en espace scénographique élaborée par Jean-Julien Simonot avec un enchaînement concentrique de podiums de différentes dimensions au bichromatisme noir/blanc soutenu notamment par les rayons lasers en mouvement de la création lumière de Philippe Colle.
Cette année-là, la nouvelle fashion sphère
Le choix de cette l'année 1997 s'est imposée au commissaire qui considère ce millésime comme disruptif avec, après le minimalisme ambiant, un retour au baroque et au spectaculaire et l'instauration des marqueurs de la mode du 21ème siècle.
Au cours de la déambulation, le visiteur pourra néanmoins constater la pérennité de l'éclectisme stylistique des décennies précédentes, du clivage entre le minimalisme et l'excentrique en passant par l'exubérance de Christian Lacroix présent dans la monstration au titre du dixième anniversaire de sa maison de couture avec la collection "House", et le dualisme entre le styliste et le designer du vêtement.
A l'exception de quelques nouveaux venus avec la première collection à la fraîcheur primesautière de Stella McCartney qui succède à Karl Lagerfeld pour la marque Chloé, celle glamour de Donatella Versace qui reprend la maison Versace à la suite du décès de Gianni Versace, et la première collection de Véronique Branquinho qui fondera sa marque en 1998, l'année 1997 consacre les créateurs déjà établis et ce selon un axe France-Belgique-Angleterre qui se substitue à l'embellie italo-japonaise. Donatella Versace - Véronique Branqhuino - Olivier Theyskens - Josemus Thimister - Nicolas Gesquière
Et cette consécration se décline selon trois modalités.
D'une part les créateurs renommés qui poursuivent leur activité dans le prêt à porter selon leur griffe. Ainsi Olivier Theyskens et le romantisme gothique de sa collection ."Glommy Trips" qui contraste avec le style rock'n'romantic de collection "Les arbres" de Martine Sitbon.
Egalement les stylistes-designers qui opèrent une réflexion conceptuelle sur le corps, tant féminin et les codes de la beauté féminine que ceux de la virilité, avec Ann Demeulemeester inspirée par le look de Patti Smith l'icône punk-rock de l'underground newyorkais, Jérémy Scott avec sa collection "Rich White Woman", Raf Simons avec la collection "Black Palms" et l'évocation filmique de la collection "Between" avec ses modèles voilées de Hussein Chalayan.
Et la doyenne Rei Kawakubo, chantre de l'anti-mode et du design vestimentaire de la vague nippone des années 1990 sous la marque Comme des garçons avec les ébouriffantes robes-protubérances de la collection de "Body Meets Dress, Dress Meets Body".
Rei Kawabuko - Helmut Lang - Stella Mc Cartney - Jeremy Scott
D'autre part, cux qui entrent dans la Haute Couture comme Thierry Mugler qui allait devenir "Mandred le savant fou" avec son époustouflante collection "Les Insectes" à qui a été consacrée la rétrospective "Thierry Mugler, Couturissime" en 2020 au Musée des Arts Décoratifs et "l'enfant chéri de la mode" Jean-Paul Gaultier.
Thierry Mugler
Enfin, ceux qui intègrent les grandes maisons tutélaires de la Haute Couture française en qualité de directeur artistique tel le fantasque John Galliano chez Dior.
John Galliano - Jean-Paul Gaultier
De même pour Alexander McQueen le bad boy de la mode britannique chez Givenchy avec la collection "Eclect Dissect" et Marc Jacobs chez Vuitton
Alexander McQueen - Christian Lacroix
Alber Elbaz pour Guy Laroche,Tom Ford pour Gucci avec son spectaculaire porno-chic "G-string", "le designer visinnaire" Nicolas Ghesquière pour Balenciaga avec des tenues minimalistes et l'homme invisible de la mode Martin Margiela chez Hermès avec la collection "Stockman" créée à partir de la forme du mannequin d’atelier.
Kei Kawabuto - Martin Margiela - Ann Demeulemeester - Olivier Theyskens
L'exposition comprend également les créations des couturiers investis dans la création de costumes pour les arts de la scène tels Rei Kawakubo pour le ballet "Scenario" de Merce Cunningham, Walter Van Beirendonck pour les costumes du groupe U2, Alexander McQueen pour la couverture l'album "Homogenic" de Björk ou le cinéma avec Jean-Paul Gaultier pour le film "Le 5ème élément" de Luc Besson. Martine Sitbon - Jean-Paul Gaultier (costules du fil "Le 5ème élément") - Alber Elbaz
Est également évoqué l'inauguration de boutique de luxe "colette" le premier concept-store parisien.
A écouter et à voir en préambule à la visite :
en podcast la playlist de l’exposition concoctée par l'illustrateur sonore
Michel Gaubert
les expositions :
"Martin Margiela" en 2022 à la Fondation Lafayette Anticipations
"Thierry Mugler, Couturissime" en 2020 au Musée des Arts Décoratifs
"Back Side Dos à la mode" en 2019 au Musée Bourdelle
"Margiela Galliera - 1989-2009" en 2018 au Palais Galliera
"Margiela, les années Hermès" en 2018 au Musée des Arts Décoratifs
"Olivier Theyskens - She walks in beauty" en 2017 au Mode Museum d'Anvers
"Jean-Paul Gaultier" en 2015 au Musée des Arts Décoratifs
"Histoire idéale de la mode contemporaine II - Les années 1990 & 2000" au Musée des Arts Décoratifs en 2010 |