Comédie de Bruno Druart et Patrick Angonin, mise en scène d'Anne Bourgeois, avec Jean-Paul Farré, Eloïse Wagner, Daniel-Jean Colloredo, Claudine Barjol, Alexie Ribes et David Le Roch.
Bien titrée que cette délicieuse comédie concoctée par le duo bien rodé à l'écriture à quatre mains dans ce genre théâtral formé par Bruno Druart et Patrick Angonin avec leur goût pour le pittoresque et leur sens de la répartie comique.
Vibrionnant et jubilatoire, "Irrésistible Offenbach" propose une incursion dans l'envers du décor de la scène lyrique de la fin du 19ème siècle et, plus précisément, dans le microcosme du Théâtre des Bouffes parisiens alors dirigé par le compositeur Jacques Offenbach "l'oiseau moqueur du Second Empire".
Et en un temps où le roi de l'opérette et de l'opéra bouffe dans ses dernières années se trouve confronté non seulement à l'insuccès de ses nouveaux productions, ce qui entraîne de préoccupants soucis de gestion financière, mais au drame du manque d'inspiration et au spleen amoureux.
Les auteurs ont concocté un biopic de fantaisie émaillé de quelques inserts musicaux dans lequel si les situations s'avèrent purement fictives, toute ressemblance avec des personnes ayant existé n'est pas fortuite, avec, en bons faiseurs, sans rôle de figuration mais de belles partitions pour chacun des interprètes.
Ainsi un décor de coulisses avec sa remise de châssis et d'accessoires conçu par Olivier Prost, qui constitue l'espace de jeu d'un petit théâtre dans le théâtre, et élégamment encostumés par Jean-Daniel Vuillermoz, se croisent, se débattent et s'affrontent des personnalités contaminées par le cabotinage.
Orchestrant l'opus en assurant une mise en scène pétaradante avec le judicieux choix d'un surjeu en adéquation avec la cocasserie du texte aux dialogues incisifs, Anne Bourgeois dirige une troupe de comédiens aguerris qui prennent manifestement plaisir à l'entreprise.
Pour l'aréopage du maître des lieux, David Le Roch campe efficacement le fantassin malchanceux tout comme, allègrement et à la manière de la servante moliéresque, Claudine Barjol dans le rôle de la secrétaire fidèle et non énamourée au franc parler, et Daniel-Jean Colloredo livre une époustouflante prestation en concierge aussi cossard que chapardeur qui se donne des airs de diva offensée.
Et autour de Jean-Paul Farré faisant flèche de tous bois, du burlesque au facétieux en passant par le clownesque pour incarner l'Offenbach homme à femmes et à chanteuses, deux rivales à haut potentiel humoristique.
Héloïse Wagner, magistrale, apporte une couleur de drama-queen à la fameuse cantatrice Hortense Schneider alors au faîte de sa gloire, dont les talents ne s'exercent pas que sur la scène car croqueuse d'hommes à têtes blasonnées et couronnées, et Alexie Ribes s'avère délicieuse en vraie fausse ingénue qui prête sa physionomie de jeune première à l'ambitieuse nouvelle venue Melle Aimée non opposée à la promotion canapé.
Divertissement assuré avec un final en medley des plus célèbres couplets offenbachiens qui n'ont rien perdu de leur saveur... et à reprendre en choeur. |