C'est légèrement en retard que j'arrive à La Cigale, loupant le début du set du Jeffrey Lewis Band.
Aussi bien pop que rock, voir folk par moment, la musique de Jeffrey Lewis (qui fait parti du mouvement Anti folk) puise son inspiration dans la musique américaine des années 80 et 90.
Un sens de la mélodie évident, couplé à de très bons musiciens (mention spéciale au batteur), et le Jeffrey Lewis Band se met le public dans la poche.
Des morceaux très variés, une voix encore assez juvénile mais pleine d'émotions et de feeling, le tout agrémenté de dessins projetés sur une toile en fond de scène, qui sont les œuvres de Jeffrey Lewis himself.
Le new yorkais est un touche à tout qui, en plus d'être un excellent songwritter, est un dessinateur de B.D de talent.
Il met donc ses dessins au profit de sa musique, notamment pendant un morceau presque parlé, véritable cours d'histoire sur la Russie et le communisme, illustré par ses oeuvres.
Les 45 minutes réglementaires écoulées, Jeffrey Lewis et sa bande quitte la scène, sous les acclamations d'un public acquis à sa cause.
Changement de décor. Un portrait géant d'Adam Green, que l'on devine jeune, est accroché, et une ribambelle d'instruments est amenée sur scène.
On aura le droit ce soir à un quatuor un corde, un piano, et le kit habituelle guitare-basse-batterie. Le groupe arrive sur scène, suivi d'un Adam Green sautillant et apparemment en grande forme.

Il semble à première vue complètement saoul, peinant à articuler correctement ses phrases. Et puis on se rend finalement compte que c'est juste le personnage Green qui s'exprime, tout en grandiloquence et en emphase (à mille lieux du type calme et mou que j'ai rencontré pour une interview quelques mois auparavant).
Il se pose en véritable bête de scène, occupant l'espace avec aisance, jouant avec le public, dominant le tout d'un charisme hors pair. Il alterne morceaux du dernier album, Jack full of danger, et morceaux plus anciens.
Les classiques "Gemstones", "Emily" etc… côtoie les petits nouveaux comme "Drugs", "Vultures", "Animal dreams", "Novotel"… La courte durée de ses chansons, fait que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde.
Adam Green sait parfaitement varier les atmosphères, passant d'un morceau folk lent, à un morceau plus remuant. Sa voix puissante est parfaitement mise en avant, remplissant La Cigale de son timbre chaud si particulier.
Très fidèles aux disques, les morceaux prennent tout de même une autre dimension en live, laissant exploser les instruments comme il se doit. Le public acclame chaque morceau, se laissant conquérir par les facéties de M. Green.
Il multiplie les situations comiques, se donnant en spectacle en parfait maître de cérémonie. Il n'hésite pas non plus à faire participer son public, en descendant dans les premières rangées (La Cigale étant en configuration assise ce soir), ou en faisant monter le public sur scène. Il se retrouvera notamment au milieu d'un quinzaine de fans, venue lui prêter main forte sur un morceau.
Le sieur Green s'emploie à nous charmer pendant 1h30, avant de finir sur un "Dance with me" attendu par tous.
On ressort ébloui pas tant de classe et de charisme. Un grand concert. |