Corée du Sud me voilà, moi qui ne connais pas beaucoup la littérature de ce pays asiatique qui fascine beaucoup de gens. Et une fois encore, ce sont les éditions La Croisée qui m’offre ce voyage littéraire aux côtés de Kwon Yeo-Sun, une autrice coréenne qui nous propose Lemon, son premier roman traduit en anglais et en français.
En un peu moins de 145 pages, avec ce livre lu d’une traite, elle nous propose de nombreuses choses, une réflexion intelligente sur le deuil, une très belle écriture, une analyse pertinente de la société coréenne et aussi du suspense.
L’histoire nous raconte la mort durant l’été d’une lycéenne populaire, une certaine Hae, retrouvée assassinée sans que l’on ne retrouve le coupable de ce crime. Quinze ans plus tard, dans l’esprit de sa jeune sœur Da-On trois suspects demeurent : un garçon de bonne famille, un jeune homme pauvre et méprisé de tous et une camarade de classe obsédée par son apparence. Da-On va les retrouver et reconstituer le puzzle de cette disparition qui la hante.
L’ouvrage est construit autour de plusieurs chapitres dans lesquelles plusieurs femmes raconte les répercussions de cette disparition, de ce crime au cours des années qui ont passé. C’est un ouvrage qui a pour originalité je trouve de nous embarquer dans un monde qui mêle poésie et noirceur, ce qui peut paraître très particulier mais qui fonctionne très bien.
Cette originalité se retrouve dans la construction temporelle de l’ouvrage, le lecteur passe d’un temps à un autre pour mieux appréhender les conséquences de la mort de cette jeune fille sur plusieurs personnes qui étaient liés de près ou de loin à elle. Chacune d’elle reflète la société coréenne, si différente de nos sociétés occidentales, que cela soit au niveau des musiques, de l’esthétisme ou de la place de la femme dans la société. C’est aussi ça qui m’a beaucoup plus dans l’ouvrage, ce que l’on apprend de la société coréenne qui se révèle être particulièrement brutale au passage.
L’ouvrage se démarque aussi par l’intrigue autour du meurtre de cette jeune coréenne, des indices qui sont semés au fil des pages avec intelligence pour permettre au lecteur de mieux rentrer dans les personnages, de se faire une opinion sur eux au fil des 8 parties.
On pourrait même s’interroger sur l’ordre de lecture des parties, voir si elles ne pourraient pas être lus dans l’ordre que l’on veut puisqu’elles sont reliées entre elles par le meurtre de la jeune fille. C’est à la fois très troublant et très intriguant de lire ces parties mais surtout très interessant de recouper ses indices qui peuvent être repris dans une autre partie. Il faut bien l’avouer, la construction narrative de cet ouvrage est très bien pensée, parfaitement maîtrisée. Lemon est un livre audacieux qui procure une expérience de lecture très originale que je ne suis pas déçu d’avoir vécu. |