Le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme consacre un hommage à André Isaac connu sous le nom de Pierre Dac considéré comme un maître de l’absurde et figure tutélaire de l'humour contemporain qui s'est illustré dans tous les registres, du cabaret au cinéma en passant par la radio et la scène.
Intitulée "Pierre Dac - Le Parti d'en rire", l'exposition dédiée rassemble de nombreux documents issus des archives familiales et un conséquent dispositif audiovisuel d'extraits de films, émissions télévisées et radiophoniques visionnables in situ.
Les commissaires Anne Hélène Hoog, qui fut conservatrice audit musée, et Jacques Pessis, journaliste, écrivain, scénariste, historien de la chanson française et légataire universel de Pierre Dac, ont choisi un découpage chronologique avec un parcours dynamique à la pétulante scénographie pétulante conçue par l'Agence NC de Nathalie Crinière et Chloé Degaille.
Ainsi, en 9 sections, sont abordés non seulement la carrière artistique de Pierre Dac mais également son parcours d'homme, de citoyen engagé au cours des deux guerres mondiales et, né dans une famille juive alsacienne, de militant contre l'antisémitisme au sein de la Ligue internationale contre l'antisémitisme fondée en 1928.
Le temps retrouvé du côté de Pierre Dac
Le citoyen André Isaac (1893-1975) a traversé le 20ème siècle et les horreurs des deux guerres mondiales au cours desquelles il est intervenu tant sur le terrain que sur les ondes dans le cadre de Radio Londres avec l'équipe de l’émission "Les Français parlent aux Français" pour laquelle il est l'auteur du refrain "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand".
L'exposition met en lumière le pape de la loufoquerie, l'empereur de l'aphorisme, le roi du calembour et le Cioran de l'humour qui débute dans les années 20 comme chansonnier écumant les cabarets tels La Vache enragée, Les Deux Anes et Le Caveau de la République.
Un humour qu'il exporte à la radio dans la décennie suivante avec des émissions humoristiques dont il est l'initiateur avec "L’Académie des travailleurs du chapeau" et des jeux tel "La Course au trésor".
Et dans l’hebdomadaire "L’Os à moelle", l'Organe officiel des loufoques qu'il fonde en 1938 avec pour slogan "Journal humoristique contre tout ce qui est pour, pour tout ce qui est contre" qui, pendant deux ans, pastiche tous les articles journalistiques avec des éditoriaux d'actualité titrés "Redis-le-moelleux", la rubrique des "faits divers très divers", les grands reportages ("Exploration chez les chasseurs de plats de côtes") et d'hilarantes petites annonces.
Il reparaît en 1965, avec les dessins de René Goscinny en bande dessinée "Les aventures du facteur Rhésus" et la plume de Jean Yanne, et soutient la pseudo-candidature de Pierre Dac à l’élection présidentielle de 1965 à la tête du parti le M.O.U., Mouvement Ondulatoire Unifié, qui a pour signe de ralliement "Les temps sont durs, votez M.O.U. !".
Entre temps, "L’Os Libre" créé en 1945 avec Marcel Bleustein-Blanchet, prend le relais dans une optique de satire politique.
Nonobstant son activité diversifiée sur tous les médias, il poursuit sa carrière sur les planches notamment avec son complice Francis Blanche et leur numéro du "Sâr Rabindranath Duval" est inscrit dans l'inconscient collectif.
Les compères travaillent également de concert sur des feuilletons radiophoniques : "Malheur aux barbus" redécliné sous le titre "Signé Furax" avec les détectives Black et White face aux Frères Fauderche avec leur schmilblick, "l'objet imagnaire qui ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout", terme passé dans le langage courant et qui sera décliné en jeu télévisé éponyme à la fin des années 60 puis repris en scketch parodique par Coluche.
Pierre Dac réitèrera dans les années 60 avec le feuilleton "Bons baisers de partout" créé avec Louis Rognoni (cf focus "Les espions de Pierre Dac") ordonné autour du biglotron "issu de la prodigieuse et fabuleuse imagination du génial et mondial savant professeur Slalom Jérémie Ménerlache de la Faculté d'abstraction de Clamart".
En préambule à la visite à voir en vidéo l'entretien avec le commissaire de l'exposition qui a été présentée en
2020 sous le titre "Pierre Dac du côté d'ailleurs"
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