Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Georges Feydeau, mise en scène de Jean-Paul Tribout, avec Caroline Maillard, Claire Mirande, Julie Julien, Samuel Charle et Jean-Paul Tribout.
Parmi les tropismes thématiques de Georges Feydeau figurent en bonne place le couple, le mariage et la sexualité sur fond d'hypocrisie de la morale bourgeoise à géométrie variable.
Et, souvent l'irréprochabilité des épouses ressort moins à la vocation ou à l'éducation qu'au souci de leur réputation au regard d'une hypocrite vertu morale et elles n'hésiteraient pas à franchir le pas de l'adultère si auréolée de l'excuse absolutoire attachée à la légitime vengeance envers un mari infidèle.
Dans un opus tardif intitulé "On va faire la cocotte", il use d'une hardie déclinaison avec le personnage de la belle Emilienne, une quasi proto-féministe, qui fantasme sur la liberté de vie et de moeurs des courtisanes et,peut-être, passer de rêve à la réalité.
Ainsi, dans l'intimité de la chambre conjugale à l'heure du coucher, un mystérieux coup de fil va engendrer une larvée scène de ménage dans laquelle son mari sauvé par le gong enfin, par le coup de sonnette de l'amie de madame, en profite pour s'éclipser sous le prétexte de prendre d'air, et plus précisément un air de partie fine.
Mais cette visite impromptue va sceller le sort de celui-ci car la dame vient non seulement se lamenter sur son cocuage mais annoncer celui de la maîtresse de maison.
Cette situation a séduit Jean-Paul Tribout qui met alertement en scène la partition au demeurant inachevée, en lui adjoignant un inattendu dénouement sur le mode de la paix des ménages, dont la primeur est laissée au spectateur, qui s'avère en résonance avec les caustiques maximes de Feydeau annonciatrices des aphorismes de Sacha Guitry.
Sans la décontextualiser, il opère néanmoins deux novations remarquables. La première, avec la malicieuse scénographie d’Amélie Tribout s'affranchissant du classique décor du salon aux portes qui claquent pour y substituer une accumulation de grandes caisses de déménagement en bois figurant les éléments du mobilier.
Des caisses d'où émergent les personnages, tel le jouet du diable en boîte, et sur lesquelles sont apposées des affiches d'une tournée Feydeau. Ce qui amène à la deuxième novation, celle de la mise en abîme à "double effet kiss cool".
Car ne s'agirait-il pas de la représentation théâtrale d'une joyeuse comédie et la vie n'est-elle pas une comédie. Car ne s'agirait-il pas de la représentation théâtrale d'une joyeuse comédie et la vie n'est-elle pas une comédie...
Aguerri, Jean-Paul Tribout connaît la musique et, lui même dans le rôle du sémillant mari sexiste et emberlificoteur, mène, au son de l'accordéon allègre de Dario Ivkovic, une petite troupe judicieusement distribuée.
Claire Mirande savoureuse en épouse désabusée mais pragmatique, Julie Julien pétulante et pétillante en gouailleuse cocotte et Samuel Charle parfait en jeune célibataire écornifleur qui jette sa gourme et, mention spéciale à Caroline Maillard délicieuse, irrésistible et magistrale dans le rôle de la principale protagoniste tant dans la dramaturgie du corps et l'expression de la physionomie que pour sa palette de jeu.
Un très réussi divertissement. |