Biopic théâtral de Barbara Lecompte, mise en scène d'Elsa Saladin, avec Eric Belkheir et Christophe Delessart accompagnés par la violoniste Consuelo Lepauw.
"Rembrandt sous l'escalier" : tout est dit dans ce titre, pourtant minimal, de ce qu'on va voir et entendre. Dans un décor, sans autoportraits sur les murs, mais avec un escalier qu'on suppose en spirale, le peintre à tous les âges de sa vie converse ou médite avec son père vivant puis mort.
Barbara Lecompte a écrit un texte qui s'écoute. On pourrait dire qu'il s'agit là d'un "biopic théâtral" où l'action fait place principalement à la réflexion, à l'attention entre les deux personnages principaux. Harmen (Eric Belkheir), le père, aime beaucoup Rembrandt (Christophe Delessart), le fils.
Pourtant, si le vieux meunier de Leyde a eu une bonne dizaine d'enfants, il n'a jamais contrarié la volonté de ce fils, à qui il a donné un prénom inédit, de devenir un peintre. Même quand ça n'était pas encore une évidence qu'il devienne le plus grand d'entre tous.
Barbara Lecompte montre un Rembrandt qui n'est pas mû directement par l'art et sûrement pas par l'art pour l'art. Au contraire, il ne cache pas qu'il est là pour faire des portraits de bourgeois, de grands bourgeois dont il ira conquérir la clientèle à Amsterdam.
Ni indifférent à l'argent, ni au sexe féminin, ni à l'alcool, Rembrandt va peu à peu se construire et son génie ne sera qu'un élément parmi d'autres pour que sa vie soit hors normes, comme l'était déjà d'après l'auteure sa belle relation, sous l'escalier, avec son géniteur, un homme aussi étonnant que son fils et pas pour rien dans le destin de celui-ci.
Leurs conversations sont ponctuées par une jeune violoniste d'exception, Consuelo Lepauw, qui, par ailleurs, interprète par intermittence les femmes qui ont compté pour Rembrandt, Saskia et Henrijke.
Avec beaucoup de finesse, Elsa Saladin, la metteuse en scène, anime ce qui n'aurait pu être qu'une lecture statique. On n'a absolument jamais ce sentiment. On apprendra beaucoup de choses sur cet immense génie qu'était Rembrandt. Comment il est devenu riche et célèbre, comment les aléas de la vie ont écorné cette réussite absolue et comment ce qui l'a rendu triste l'a rendu un homme exceptionnel.
En sortant de "Rembrandt sous l'escalier", on sera impatient de retourner au Louvre faire face à ses autoportraits si empreints de cette philosophie de vie qu'il partageait avec son père et que la pièce retranscrit si bien.
Mention aux deux comédiens pour leur sobriété et à leur partenaire pour la pureté de ses interventions musicales |