Réalisé par Kamal Lazraq. Maroc/France/ Belgique/Qatar/Arabie Saoudite. Thriller. 1h46 (Sortie 19 juillet 2023). Avec Ayoub Elaid, Abdelattif Masstouri, Mohamed Hmimsa, Abdellah Lebkiri, Lahcen Zaimouzen et Salah Bensalah.
Si "Les Meutes" de Kamal Lazraq était un film étasunien, il serait, pour sa sortie, célébré comme le film de la semaine qu'il faut voir.
D'autant plus qu'il s'agit d'un premier film, et que son réalisateur a concocté un polar crépusculaire, tendu, violent, où jamais l'action ne faiblit et où les personnages fortement typés ne sont jamais des caricatures...
Oui, mais "Les Meutes" est un film marocain, tourné par un cinéaste passé par la FEMIS, et qui se déroule dans les bas-fonds de Casablanca.
Il faudra donc au spectateur un peu de curiosité, l'envie de voir une œuvre originale qui n'est pas sans rapport avec un cinéma italien post-néo-réalisme, avec en prime un héros qui aurait plu à Pier Paolo Pasolini : Ayoub Elaid.
Ce non professionnel rayonne dans l'univers âpre et désespérant décrit par le réalisateur. Il joue Issam, un fils qui a un père délinquant, Hassam (Abdelattif Masstouri), qui va l'entraîner dans un de ses énièmes coups "foireux".
Sauf qu'ici, il y aura mort d'homme et qu'Issam va devoir prendre en charge les choses pour éviter qu'une bande, une des ces "meutes" de voyous qui prolifèrent dans les faubourgs populaires de Casa, ne leur fassent la peau.
Opération compliquée, car, en toute logique, le père et le fils sont en danger de mort imminente... Des combats de chiens aux affrontements avec des petites frappes et des truands sans pitié, les deux hommes sont embarqués dans une nuit qui devrait leur être fatale, une nuit où le fils mû par un instinct de vie prend le contrôle de son père immature à jamais...
On soulignera la qualité de la direction d'acteurs de Kamal Lazraq qui fait d'amateurs choisis pour leurs "gueules" de vrais comédiens qu'on croirait aguerris tant ils sont naturels devant la caméra.
Documentée ou fantasmée, cette histoire sait aussi se servir des décors que lui propose Casablanca et ses banlieues. A la vue d'autres films récents marocains, on a l'impression que le développement des grandes cités comme Marrakech, Tanger ou Casablanca, avec d'infinis contrastes entre richesse excessive et pauvreté absolue, est propice pour qu'existe un "polar à la marocaine".
C'est tout le mal qu'on souhaite aux jeunes cinéastes qui s'affirment actuellement. Le premier essai de Kamal Lazraq est une réussite. On ne doute pas qu'il soit repéré et qu'il ait le choix entre poursuivre dans cette voie ou, tout de suite, prendre une place de choix dans un cinéma français en manque de regards comme le sien.
"Les Meutes" de Kamal Lazraq est le film à voir cet été. |