Soyons sérieux, comme tous les ans il va être impossible de résumer en quelques lignes toute la programmation de cette dernière édition des Vieilles Charrues. Mais même si l'affiche de départ semblait moins alléchante que d'autres années pour les amateurs de rock indé que nous sommes, de nombreuses pépites ont pu être dénichées sur les petites scènes et le bilan de cette 31ème édition est plutôt très bon. Voyons donc nos coups de coeur et les moments notables du festival.
Jeudi, première journée, première étape de ce long marathon prolongé sur 5 jours en raison de la venue exceptionnelle des Red Hot Chili Peppers le lundi 17 juillet.
Les choses commencent bien sur la quatrième scène qui sera, au fil des journées, destinée au rock, aux musiques régionales puis à un fest-noz le samedi.
Ce jeudi, ce sont les Néerlandais de Tramhaus qui ouvrent le bal et vont proposer un rock à guitares très attendu par les fans avec un leader habité et des titres entêtants comme leur hymne "I don't sweat" ou encore "Karen is a punk". Un démarrage en fanfare avec ce groupe très attendu qui va faire démarrer le festival sous les meilleurs auspices.
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En attendant la tête d'affiche Morcheeba, les Belges de Tukan feront de nouveau résonner le chapiteau au son d'un post-rock electro très original juste avant les derniers arrivés de la programmation, le combo Maxwell Farrington et Le SuperHomard qui va être notre meilleure surprise de tout le festival. Le chanteur australien à la voix envoûtante et le backing band porté par le génie musical de Christophe Vaillant vont créer un moment de calme et de plaisir bien loin de certains concerts plus populaires des grandes scènes. Pendant ce temps, sur la scène Graal, mention spéciale à Silly Boy Blue qui, après une prestation lors de l'édition "covid", revient présenter son spectacle de pop dynamique et avec une voix aux multiples accents.
Surprise le vendredi avec le concert d'Agar Agar, groupe concept mêlant électro minimaliste avec la magnifique voix de Clara Cappagli. Sur scène, décor original onirique, pour passer en revue leur nouvel album Player non Player. Une vraie découverte visuelle et musicale, à la fois doux et piquant et encore une trouvaille parfaite du festival.
Juste avant sur la même scène Graal décidément riche en surprises, c'était les SBRBS qui, soutenus par Label Charrues proposaient un rock brut en power trio. Le groupe de Marie Herbault et Hadrien Benazet, créé pour succéder au 1969 Club, ne laisse pas indifférent et fait remuer le public déjà bien serré entre deux averses.
Puis, le soir ce sera le grand retour de Blur qui va régaler les amateurs de pop-rock. Avec la sortie du nouvel album, le groupe de Damon Albarn fait sa tournée et revisite le répertoire entre furie sonore des deux minutes ultra-noisy de "Song 2", à la dance de "Girls and boys" en passant par de nombreux titres plus calmes, moins connus qui vont faire passer une soirée parfaite aux fans. A 1h30, dans la nuit de Carhaix, aura lieu pour finir cette journée un impressionant concert pour la tournée d'adieu des Shaka Ponk. Un plateau incroyable avec effets visuels énormes, choristes géantes, une vraie claque visuelle et sonore qui clôt bien la journée.
Le samedi, avant que Rosalia ne propose un show millimétré inattendu mêlant danse, chant et performance visuelle, les jeunes lyonnais de Johnnie Carwash vont ouvrir le bal avec leur punk rock ultra attachant. Des sourires, la voix de Manon et un voyage dans l'univers, décoré de mini amplis, de ce jeune trio hyper efficace qui rappelle parfois les meilleures heures de Sarah Records.
Autre endroit, autre univers avec le superbe concert de Pomme sur la grande scène.
Tantôt armée de sa célèbre Auto-harpe, tantôt coiffée d'un chapeau champignon, elle évolue elle aussi dans un univers bien particulier et propose ses chansons à la puissance toujours intacte à l'instar du final avec "Very bad" et "On brûlera".
Standing ovation pour cette journée résolument féminine qui continuera sur la scène Graal avec les excellentes Minuit Machine, duo électro qui fera résonner les basses dans toute la prairie aux 60000 spectateurs.
Ce dimanche, encore et toujours, le spot le plus intéressant pour les amateurs d'indie pop rock reste la scène Graal, un peu à l'écart des deux grosses structures qui se font face et proposent les artistes les plus connus.
Les Stuffed Foxes y ont posé leurs guitares et vont réveiller les fêtards encore à demi assoupis par un déferlement de distortions avec pas moins de 4 guitares pour un post-punk sans concession.
De quoi bien démarrer la journée en enchaînant avec un concert plutôt émouvant de Mademoiselle K revisitant tout son répertoire dans ce festival où elle rêvait de venir depuis 15 ans. "Il faut croire en ses rêves", elle y a cru et on en profite avec elle en attendant de retrouver une nouvelle fois le groupe rennais Gwendoline. Ces losers sensibles débutent en force en proposant au public leur hymne "Chevalier Ricard" désormais connu sur les terres bretonnes et au-delà. Toujours un plaisir d'assister à ce mélange de paroles désabusées avec une cold wave rafraichissante, on en redemande.
Le soir venu, de retour à Carhaix, la bande des Phoenix proposera un show visuel et sonore à leur habitude, parfait, devant un public qui ne les connaît pas forcément mais qui commence à comprendre leur importance à l'international.
Le lundi, changement complet d'ambiance avec de nombreux nouveaux festivaliers qui, pour beaucoup, découvrent les lieux.
L'ambiance de jeunes étudiants enivrés fait place à leurs parents envieux de voir ce concert exceptionnel des Red Hot Chili Peppers en terre bretonne.
Et même si quelques heures plus tard les Red Hot seront en service minimum en proposant seulement 1h30 de leur répertoire sans fioritures, la journée sera l'occasion de revoir les Silmarils, version light francophone des Rage, ici en promo pour leur premier album depuis plus de 10 ans, ainsi que Skip the Use, déchaînés qui finiront le concert dans le public pour un dernier titre.
Proposer 4 jours de mélanges d'artistes populaires et de pépites moins connues dans tous les styles avant une journée où presque 60 000 personnes auront pu se trouver à quelques dizaines de mètres de Flea et d'Anthony Kiedis encore percutants, c'est cela le secret des Vieilles Charrues et on les remercie une fois de plus de proposer cela tous les ans en plein centre Bretagne.
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