Comédie dramatique écrite et mise en scène par Mitch Hooper, avec Anne Coutureau, Anatole de Bodinat, Julien Muller et Sophie Vonlanthen.
"Le poids du mensonge" commence par le dénouement de l'intrigue Une scène dense qui donne déjà la mesure du drame : sur la terrasse de sa maison dans laquelle il vient de tuer sa femme et son fils avec un fusil de chasse, Jean reçoit la visite de son ami Marc dont la femme vient de la quitter.
Le couple avait été invité pour la soirée par Jean et Carole et c'est en flashback, à cette soirée à laquelle on assiste ensuite, découvrant ainsi tous les enjeux de chacun des membres de ce quatuor.
S'inspirant librement de "l'affaire Jean-Claude Romand" qui a défrayé la chronique et donné lieu à plusieurs adaptations, Mitch Hooper a écrit un petit bijou d'humour noir, une fable acerbe sur la société contemporaine où règnent le pouvoir, le paraître et l'argent. Et sur l'hypocrisie des rapports humains.
Jean n'est pas médecin ici mais un publicitaire à la mode dans l'ombre des stars du milieu, il côtoie le show-bizness et on l'invite même à l'Elysée pour y donner des conseils. Evidemment, tout n'est qu'une imposture qui aura duré depuis les années d'étudiant où il a prétendu avoir réussi HEC.
C'est là que les chemins se sont séparés avec Marc qui va l'envier, lui qui rêve d'être un écrivain à la mode. Il vit maintenant avec Laurence que Jean connaissait à l'époque. Se rencontrant sur le parking d'un centre commercial, les deux couples décident de dîner ensemble et de réanimer une amitié émaillée de blessures.
La pièce de Mitch Hooper, formidablement bien écrite, dissèque les failles et les parts d'ombre de chacun des personnages. Dans une scénographie sobre de Delphine Brouard, Il dirige au cordeau une distribution très équilibrée où chacun amène une tonalité différente.
Anne Coutureau tout en douceur et non dits est une touchante Carole, Sophie Vonlanthen, très drôle, compose une machiavélique Laurence, Anatole de Bodinat est un Marc aussi instinctif que plein de complexité. Enfin, Julien Muller compose un Jean magistral dont on assiste en direct à la chute annoncée.
Une pièce puissante teintée de regrets et de nostalgie sur les choix de vie. C'est aussi captivant que réussi. |