Autour des grosses sorties des éditions de l’Olivier dans le domaine français avec Agnès Desarthe et Hernan Diaz pour ce qui est des romans étrangers (ne passez pas à côté, c’est un ouvrage remarquable), on voit une certaine Dea Liane pointer son nez avec un très joli premier roman portant le nom de sa nounou, prénommée Georgette, qui donne son prénom à l’ouvrage.

A chaque rentrée littéraire, les éditions de l’Olivier prennent soin de nous faire découvrir une nouvelle auteure, pétrie de talent ici encore. Dea Liane est une jeune auteure issue d’une famille syro-libanaise, comédienne qui se lance donc dans la littérature.

Au travers de cet ouvrage, Dea Liane nous parle de sa nounou, celle qui veillait sur les rituels qui ont scandé sa vie et celle de son frère : le bain, le repas, le coucher, les fêtes et les voyages. Mais aussi celle qui savait les protéger des bêtes peu recommandables comme les serpents ou les scorpions. Elle fut pour l’auteure comme une seconde mère, une personne indispensable à son existence. Mais en même temps, elle fut d’abord la domestique de la famille, ayant au final une position ambigüe du fait de sa subordination et de l’affectation que lui porte l’auteure.

Au travers de chapitres courts, représentant des instants de vie, des situations familiales, l’auteure prend soin de nous décrire la vie quotidienne d’une famille dans les années 90. En substituant des mots à des images, elle nous propose une nouvelle manière de raconter à la fois sensible et très précise, sans oublier ce qu’elle doit à son autre langue maternelle : l’arabe.

En lisant cet ouvrage, on a l’image de cette nounou qui nous apparaît tant l’auteure la décrit avec précision, que cela concerne son physique ou sa dimension psychologique, sa personnalité. On s’attache aussi à ce personnage tant les écrits de l’auteure témoignent de l’affection qu’elle lui porte.

Evidemment le regard qu’elle lui portait enfant diffère de celui qu’elle a devenue adulte quand elle nous en parle. Elle porte alors une réflexion sur cette relation particulière qu’elle avait avec Georgette lorsqu’elle était enfant, sur les contradictions issues de son statut de bonne. "Je sais ce qu’elle était pour moi. Je ne sais rien d’autre", nous dévoile l’auteur.

C’est un superbe récit qui mêle tendresse et lucidité que nous propose Dea Liane, une plongée dans les souvenirs et les archives de son passé, construit et structuré comme un film amateur qui nous touche en rendant grâce à une servante, une seconde mère ayant veillé sur son enfance.