Satie & les gymnopédistes
(Ad Vitam Records) septembre 2023
"Pour s’intéresser à Satie, il faut commencer par être désintéressé, accepter qu’un son soit un son et qu’un homme soit un homme, renoncer aux illusions qu’on a sur les idées d’ordre, les expressions de sentiments et tout le reste des boniments esthétiques dont nous avons hérité. Il ne s’agit pas de savoir si Satie est valable. Il est indispensable". John Cage
"À travers ce double-disque j’ai souhaité lui rendre hommage, à travers ses œuvres mais aussi celles de ses amis, ses fidèles et ses héritiers."
Ce disque ne repose donc pas uniquement sur l’interprétation très fine et subtile de pièces de Satie (Désespoir agréable, Gymnopédies, Gnossiennes, Pièces froides / Airs à faire fuir I, II, III, Pièces froides / Danses de travers I, II, III, Véritables préludes flasques (pour un chien), Sports et divertissements, Avant-dernières pensées, Je te veux), et rien que pour cela il mérite que l’on s’y intéresse mais également sur des œuvres connexes.
Sont joués : Listen To The Quiet Voice, L’ombre des couleurs, Musique Satieerique de Dominique Lawalrée, Joyeux Satieversaire de Denis Fargeat, New Gnossienne (after Satie) n°1 de Gavin Bryars, Le dialogue des joueurs de cartes, Les réminiscences, Une nuit avec Cioran de Sebastian Gandera, Deux pièces brèves de Willy Dortu, Danse pour un enterrement de Claire Vailler, Étrennes (pour Erik Satie), Composition n° 4 (1er cahier), Danse pour piano d’ E. L. T. Mesens, All Sides of the Small Stone for Erik Satie and (Secretly Given to Jim Tenney as a Koan) de John Cage, Trois pièces à la manière d’Erik Satie d'Henri Cliquet-Pleyel, Quatre Hommages pour piano - Thrénodie ou Funérailles antiques (à la mémoire d’Erik Satie) de Ricardo Viñes, Various Occupations d’Adrian Knight et Rêverie de Germaine Tailleferre. Avec de nombreux premiers enregistrements. Des choix subjectifs revendiqués par le pianiste. Mais avouons qu’ils font totalement sens. Une mise en perspectives tout à fait pertinente, à l’instar de ses interventions pour l’Opéra Underground à Lyon.
Ce disque donne l’impression de rentrer dans tout un monde, tout un univers. Déjà par le choix des instruments. Des pianos (un Blüthner (1900), un Playel droit (1923), un Steinway A 188 (1900), un Baldwin D (1931)) avec des timbres marqués, notamment le Playel droit. "Jouer Erik Satie c’est embrasser une époque, c’est se noyer dans une œuvre faite de discrétion et de nostalgie mais c’est aussi tenter d’appréhender un son. Des sons de cabarets, de petites salles intimistes remplis de pianos non standardisés. Enregistrer Satie sur un Steinway D aurait été un contre-sens. À compositeur particulier, pianos particuliers ; les pianos sélectionnés ici ont une âme. On les entend respirer, travailler et répondre à l’œuvre jouée. Loin des sonorités hygiéniques d’aujourd’hui, pour le plus iconoclaste des compositeurs, il fallait des pianos à son image".
Par la volonté de ne jamais forcer l’esprit ou le trait, par un jeu juste (encore une récurrence chez lui), tout en fluidité. Et puis par cette envie toujours renouveler de faire découvrir des compositeurs ou des œuvres. Ici des pièces de Satie moins connues et la rencontre avec des compositeurs. Alors on se laisse aller à cette musique propice à la rêverie, à la poésie, à l’humour, à une certaine mélancolie ou des côtés enfantins, aux mélodies envoûtantes. Tout Satie, ou presque, est là. C’est magnifique, indispensable presque.
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