Ciné-concert conçu et interprété par Henri Gruvman assisté de Marie Hélène Chiocca avec à l'écran Fatimzohra Zemel et Uriela Whyte.
Depuis cinquante ans, Henri Gruvman se raconte au théâtre, ou plutôt au "ciné-théâtre", forme dont il est l'un des initiateurs. Pour Gilles Costaz, "il est un inventeur de la boîte noire ; confondant brillamment les murs du théâtre et les parois de la caméra."
Il a inventé un personnage clownesque, Grugru, qui apparaît dans tous ses spectacles. Dans "Il est interdit de vieillir", on le voit sur l'écran à plusieurs âges de sa vie fictive. Avec son chapeau et son sourire mi-triste, il s'installe dans la lignée des burlesques avec aussi quelque chose de Pierre Richard.
Mais sur scène, on ne verra qu'Henri Gruvman ayant un peu de mal, au début de sa prestation, à admettre qu'il n'est plus un jeune homme prolongé, lunaire et facétieux.
Canne en main, il admet à demi-mots qu'il n'est plus aussi fringant que jadis... Ne se lève-t-on parfois pour qu'il prenne une place assise dans le métro ?
Il avoue ses réticences, ses résistances à assumer ce dernier statut qui fatalement le conduit à n'être bientôt plus que les images qu'il fut.
Court mais roboratif, son spectacle finit par emporter les spectateurs qui ne voyaient pas, au début, où il les menait. Evidemment c'est d'abord à son enfance qu'il revient, aux récits paternels contant un shtetl désormais passé aux pertes et profits d'une histoire abominable. Mais ici, on ne salue que les gens qu'on a aimés. On est touché par des paroles simples qui ne font jamais discours.
Dommage que la salle soit si bruyante, que les fauteuils grincent au moindre mouvement, empêchant parfois de saisir tout ce qu'il évoque.
Tant pis, on supportera ce petit moins pour acquiescer à l'injonction d'Henri Gruvman : "Il est interdit de vieillir". On constatera simplement qu'il tient bon et qu'il transcende pendant 1 h 12 (chrono) les petits aléas d'une salle inadéquate contrecarrés par la bienveillance du public. |