Echoes of weird nostalgia
(Last Disorder / Atypeek) septembre 2023
A Lucky Pilot fête ses 20 ans bientôt et fête cela avec la sortie de ce nouvel album Echoes of weird nostalgia écrit, joué et réalisé en solo par Bruno de Bona. Né d’un projet de musique de cour-métrage avorté, ce Lucky Pilot n’a pas cessé depuis de jouer, inventer, produire sans nécessairement, et c’est bien dommage, sentir le besoin de se faire écouter (3 albums au compteur depuis 2006…).
Aujourd’hui, on peut enfin découvrir sa musique sur un beau vinyle (et partout en numérique évidemment) et c’est une belle surprise. Ses précédents albums sont évidemment toujours disponibles en numérique et datent de 2006 et 2014. Le garçon n’est pas du genre pressé mais l’attente valait le coup.
Qualifier la musique de A Lucky Pilot n’est pas chose aisée, mais sachez que c’est quelque part en électro douce et planante, post-rock et pop.
On y trouve donc tour à tour des claviers, des guitares, du chant, le tout enrobé de plus ou moins de décibels et de bruit selon l’inspiration du chef comme on dit d’un grand restaurant.
Le titre "Glitches" résume assez bien tout cela dans ses 5 minutes 58 passant d’un piano délicat à une explosion que l’on pourrait croire venue des guitares de Sonic Youth tout comme "Departures" et son spoken word sur une musique qui gagne en puissance pour finir en un orage sonore tendance post-rock.
On pourrait aussi parler de "Express" qui ouvre l’album avec un son de guitare à la Robin Guthrie du plus bel effet.
On est également bien servi côté bidouillage sonore avec "Attention span deficit", qui démarre par une sorte de bruit blanc totalement hypnotique.
Ceci dit, pas de panique pour les oreilles les plus sensibles, l’ensemble est étonnamment apaisant et nous porte dans nos rêveries les plus douces.
Seul maître à bord, Bruno de Bona se fait plaisir avec le matériel pour arriver à ses fins en multipliant les synthés, les boucles mais jamais dans une débauche de technicité qui ferait passer ce disque pour une geekerie sonore. Au contraire, les chansons de A Lucky Pilot sont très organiques et sensuelles. C'est-à-dire qu’elles parlent à nos sens, nos émotions sans aucune distance ni froideur liées aux contraintes d’un groupe d’un seul homme (one-man band quoi).
L’économie de mots oblige aussi à ce langage qui passe forcément par les instruments pour donner la chair de poule et ça fonctionne parfaitement. "Expectations - Disillusions" par exemple qui démarre et se termine par le même petit motif sonore nous emporte entre les deux dans un monde totalement onirique, tout comme son successeur "Things you have never seen" super planant.
On a toujours chez De Bona ce souci de mettre des images imaginaires sur sa musique, cette façon très cinématographique de nous procurer des émotions.
On ne peut pas citer chaque titre mais "Miserable Minimalist" devrait suffir à convaincre quiconque de la qualité de cet album. un titre ultra planant, à la rencontre de plusieurs mondes (électro, post rock, slowcore).
Echoes of weird nostalgia se termine sur le joli titre "Winter blues" qui nous offre un silence en guise de conclusion après une ultime charge sonique. Silence bienvenu tant il n’y a pas la place pour autre chose que de pousser le bouton "repeat" à la fin de ses 41 minutes.
Ce disque artisanal est vraiment la bonne surprise de cette rentrée et ce Lucky Pilot mérite largement de gagner la course. Une course sans obstacle pour lui qui sait prendre des risques, sortir des sentiers battus de la musique estampillée française pour aller piloter sans peur et sans complexes sur le terrain des grands noms du genre.
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
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