Il y a bientôt sept ans maintenant, le 21 novembre 2016, le leader charismatique cubain Fidel Castro disparaissait. Son cortège funèbre quitta La Havane pour l’Oriente, traversant une grande partie de la grande île. Celui que l’on surnommait El Comandante revint ainsi pour la dernière fois sur les principales étapes de son épopée historique, parcourant en sens inverse le chemin de la marche triomphale qui avait conduit les Barbudos de Santiago à la Havane, dans les premiers jours de 1959, après le triomphe de la révolution.
C’est la trame que suit Matthias Fekl, homme politique français et enseignant en droit public, tissant en un fil commun les grandes étapes de la vie et de l’épopée révolutionnaire de Fidel Castro et des éléments clés de l’histoire cubaine. A travers ce fil commun, il parvient à saisir à la fois l’histoire du pays et l’emprise exercée sur lui par cet orateur au charisme indéniable, révolutionnaire puis chef d’un parti unique et d’un Etat autoritaire, communiste sur le tard et écologiste avant l’heure. Fidel Castro fut tout cela à la fois et c’est sûrement pour cela qu’il concentre plus que tout autre les admirations inconditionnelles et les condamnations définitives.
L’ouvrage commence par l’annonce de la mort de Fidel Castro aux Cubains le 25 novembre 2016 à 22h39, faite par son frère Raoul, d’une voix lente et grave au cours d’une allocution télévisée qui dure à peine une minute et se terminant par l’éternel "hasta la victoria siempre". Fidel Castro vient donc de s’éteindre à l’âge de 90 ans, soixante ans jour pour jour après avoir embarqué au Mexique pour trois années de guérilla victorieuse et dix ans après avoir délégué son pouvoir à son frère.
Son cortège débute le 30 novembre, l’incinération a eu lieu et ses cendres, recueillis dans un petit coffre en bois de cèdre sont soigneusement recouvertes d’un drapeau cubain. L’ensemble est protégé dans une boîte en verre encadrée de couronnes de fleurs blanches, déposé sur une remorque militaire, tirée par un véhicule de l’armée.
Mathias Fekl nous raconte alors, au gré de cet ultime voyage l’histoire de Fidel Castro. Il revient sur le soutien de la CIA à la révolution, nous montre comment il fut au départ à la fois adulé et détesté par les Américains. L’ouvrage traite ensuite de la nationalisation de l’économie cubaine au début des années 60, de l’épisode connu de la baie des Cochons.
L’arrivée du cortège à Santa Clara, ville très importante dans l’histoire de Castro pour plusieurs raisons et endroit où se trouve un gigantesque monument érigé à la mémoire de Che Guevara. La suite du cortège emprunte alors une vallée fondamentale dans l’histoire de Cuba, celle des moulins à sucre, denrée fondamentale de l’économie cubaine qui prit son envol au XVIIème siècle. On y apprend beaucoup de chose sur cette denrée qui est à la fois l’une des principales richesses de l’île mais aussi l’un des facteurs qui ont entravé son développement économique.
Sancti Spiritus, lieu suivant du cortège, est l’occasion de revenir sur l’éducation religieuse reçue par Fidel Castro dans sa jeunesse. Camaguey, ville où fut signée la constitution cubaine en 1940 et l’occasion ici de revenir sur le pouvoir charismatique de Fidel Castro.
Le cortège se poursuit à Las Tunas, on y apprend des choses sur la société cubaine, sur la politique de santé et d’éducation à Cuba puis Holguin, étape qui marque un quadruple retour aux sources pour finir enfin à Santiago de Cuba.
L’ouvrage est au final particulièrement intéressant, l’idée de reprendre les différentes étapes du cortège pour nous raconter ce que fut Fidel Castro est vraiment très pédagogique. C’est donc une occasion originale de rentrer dans ce personnage qui, que l’on aime ou pas l’homme, aura eu une vie et une histoire passionnante. |