Spectacle musical autour de l'oeuvre de Michel Jonasz, mis en scène par Franck Harscouët avec Malaurie Duffaud, Tristan Garnier ou Timothée Path, Amala Landré.

"Jonasz au grenier" ! Voilà un titre intrigant pour une comédie musicale. Attention, Franck Harscouët n'a pas écrit un texte où il relèguerait dans les combles l'un des maîtres de la "nouvelle chanson française" des années 1970 avec Michel Berger et Alain Souchon.

Non, ce spectacle hommage au plus jazzy des chanteurs français depuis Nougaro se déroule dans l'atelier-grenier d'une costumière et ce sont trois mannequins de cire qui s'animent la nuit, quand l'atelier est déserté par sa propriétaire, qui chantent leurs états d'âmes jonasziens.

Ce qui n'était qu'une pièce poussiéreuse surchargée d'éléments hétéroclites devient alors un lieu lumineux propice au rêve et à la poésie.

Le trio de cire est composé de deux excellentes chanteuses dans des tenues presque psychédéliques, Amala Landré et Malaurie Duffaud, et d'un pianiste (Tristan Garnier ou Timothée Path), par ailleurs lui aussi doté d'un bel organe pour pousser la chansonnette... Chansonnette ? On a presque honte d'employer le terme car, ici, dans ce cadre onirique conçu par Philippe d'Avilla et Frank Harscouët, les chansons sont enrobées dans du papier d'argent. Parfois, on a presque de la peine à reconnaître qu'elles ont toutes pour départ une composition, voire un texte, de Michel Jonasz.

C'est là sans doute où le spectacle pourra cliver entre ceux qui préfèreront Jonasz par Jonasz, plutôt que son impeccable adaptation pour Christophe Houssin.

On suppose que la plupart des spectateurs, pas forcément connaisseur du chanteur à l'exception de quelques standards comme "Les vacances au bord" de la mer ou "Super nana", seront plutôt heureux d'en savoir plus sur un chanteur-acteur qui a plus de cinquante ans de carrière au compteur.

Si l'on connaît bien l'œuvre de Jonasz, on regrettera parfois que quelques chansons deviennent "trop" belles, perdent la déchirure originelle de l'interprète. Mais on conviendra, en les applaudissant sans réticence, qu'Amala Landré dans "Je voulais te dire que j'attends" ou Malaurie Duffaud dans "J'veux pas qu'tu t'en ailles", savent émouvoir tout en chantant de manière cristalline.

Partant d'une belle idée originale, "Jonasz au grenier" tient donc ses promesses et réussit son coup. : divertir de belle manière... et redonner envie de réécouter les microsillons et les DVD de l'immense Michel Jonasz.