Petit rappel : en trente éditions, Bourges nous a programmé 3500 artistes différents, avec des débuts plutôt tournés vers la chanson puis une évolution rock et un pari réussi de faire découvrir des nouveautés qui ont gagné leurs lettres de noblesse : (Higelin, Lavillier, La Mano Negra, les Têtes Raides, Zebda, Nosfell et l'an dernier Anaïs...).

De grands groupes anglais sont aussi passés par là : (Cure, U2 ou Franz Ferdinand...)

30 ans déjà : Daniel Colling (Directeur du festival) revient sur le fait que le Printemps est né au milieu des années 1970, lorsqu’il y avait en France trois chaînes de télévision et deux émissions de variétés, celle des Carpentier et celle de Guy Lux, qui passaient en boucle Mike Brant, C. Jérome, Claude François, Michel Sardou, Dalida, Sheila...

Propos croisés avec ceux de Dominique A en interview sur Froggy’s Delight : «Aujourd'hui j'entends beaucoup plus de bonne musique. Il y a des tas de problèmes au niveau de la diffusion, mais en terme de créativité nous sommes dans une bonne période je trouve." Je pense que chaque situation mauvaise appelle son contraire. (réf. Star Ac, etc. ...) Il y a une espèce de résistance des gens qui ne veulent pas écouter tout ce qu'on leur sert. De la même façon qu'à l'époque de la variété avec Guy Lux, Maritie et Gilbert Carpentier etc. , on a vu l'apparition de gens comme Souchon, Le Forestier etc. …»

Cette réflexion de Dominique A convient parfaitement au Printemps de Bourges cuvée 2006, jamais on a entendu autant de bonne musique ni eu autant le plaisir indéniable de découvrir de nombreux nouveaux talents !


Le Bilan officiel :

Beau succès pour la 30e édition du Printemps de Bourges avec 72.136 entrées contre 65.000 l'an passé.

Daniel Colling est fier d'annoncer que l'édition 2006 s'est faite sans grande vedette, mais les salles ont été pleines. "Nous revenons au plaisir des premières années".
 
47 spectacles dont 41 complets (cela n'était jamais arrivé !), 230 000 personnes ont fréquenté le festival, 631 journalistes accrédités (presse régionale : 183, nationale : 427, internationale : 21), 1754 demandes d'interviews dont 1122 acceptées et 452 captations.

Cette année il n'y a pas eu de prix attribués aux découvertes, une volonté délibérée du Printemps de Bourges de se laisser un an de réflexion à propos de ces attributions...

Pas de prix, mais des programmateurs toujours au rendez-vous, et on retrouvera sûrement quelques-uns des groupes en concert tout au long de la saison 2006/07…

A noter aussi que pendant le festival, s'est tourné un film consacré aux 30 ans. Ce film sortira à la télévision et en DVD.
 
Et avec un grand plaisir, on a redécouvert pour cette 30ème édition la salle du Théâtre Jacques Cœur, où l'on a pu par exemple apprécier Joseph d'Anvers, ou encore Jack The Ripper dans ce cadre prestigieux.

Petit bémol : Le principe du festival au cœur de la ville est bien pour la qualité des concerts, mais si l'on veut faire un maximum de spectacles, cela représente un budget un peu trop conséquent...

Ainsi les deux soirées hommage "Gainsbourg-Ferré" nous ont laissé un peu perplexes. Ceci dû au prix du concert, "bien cher" par rapport à sa durée et aussi en raison du désistement d’artistes tels que Miossec ou Liz Frazer.

Petit regret aussi, on constate que beaucoup d'artistes se sont croisés sans se rencontrer, on pense surtout à la soirée Arthur H/Higelin où chacun est resté cantonné à son propre concert, sans vraiment partager de grands moments...

Mais à part cela, la fête était bien au rendez-vous tout au long de ce festival !

Cette année, beaucoup de concerts de filles, sans aucuns complexes, Skin, Cocorosie, Emilie Simon, Anaïs, Clarika, Sarah Slean, Pauline Croze, Izia, Sharon Jones… ont chacune à leur façon séduit et conquis le public avec classe !

Le programme ne s'est jamais essoufflé au fils des jours, chaque soirée a réservé son lot de découvertes, de bonne humeur, de coup de cœurs... :

On peut revenir sur cette programmation avec en ouverture les excellents Calexico que l’on est toujours aussi ravi de rencontrer en live, suivi du concert très touchant de Yann Tiersen, avec notamment les prestations très réussies de Dominique A.

Skin, quant à elle, fut la première artiste du Printemps à vraiment déchaîner le public.

Une très bonne surprise avec les petits génies des Puppetmastaz et une réconciliation avec les Mickey 3D qui avaient un peu déçu l’été dernier mais revenus ici avec un très bon concert.

Bien que la soirée hommage à Gainsbourg ait été beaucoup critiquée, elle nous a laissé le souvenir impérissable d'avoir pu assister à la prestation d'Anna Karina sur "La noyée" et "Sous le soleil exactement".

L'incroyable duo guitare/chant ô combien réussi entre Rodolphe Burger et Alain Chamfort sur "Je suis venu te dire que je m'en vais" restera également dans nos mémoires.

The Spinto Band fut pour nous la révélation 2006 du festival. Leur qualité scénique, leur énergie, leurs tubes... tout est déjà en place pour ce nouveau groupe !
 
Katerine qui a mis les 5500 festivaliers dans sa poche malgré des titres aussi improbables que "Poulet N. 728 12", "Je vous emmerde", "Patati Patata" ou bien la chanson consacré à Marine Le Pen ...

Pas de réelles surprises, mais on a été quand même bien impressionné par les petits jeunes des Arctic Monkeys. Les dEUS nous ont vraiment enchantés avec leur concert si intense.

Toujours l'énergie des Dionysos où l'on se surprend à chaque fois à ne jamais s'ennuyer, malgré leurs nombreuses prestations partout en France depuis déjà quelques années. Les prestations de Cocorosie et Emilie Simon furent tout en douceur et en originalité.

Puis une rare et fabuleuse rencontre avec les Flaming Lips. Les Berruyers ont eu beaucoup de chance de voir ce groupe se produire sans contrainte de temps, dans une salle aux dimensions humaines, pour un show carrément barré mais quel bonheur ! Retrouvez bientôt ici l'interview des Flaming Lips et nous vous conseillons aussi leurs clips qui reflètent bien l'image de ce groupe . Puis pour nous, un final tout en beauté et en intensité avec les Jack the Ripper.

Comme vous pouvez vous en apercevoir peu de déceptions tout au long de ce festival, une programmation haut de gamme. Pas d'essoufflement, tout était très riche chaque jour.

Bourges a su rester dans l’innovation tout en évitant le côté pompeux propre aux anniversaires, pari réussi pour les organisateurs !

Le rendez-vous est déjà noté pour l’année prochaine du 17 au 22 avril 2007.