Seul en scène autofictionnel de et par Richard dans une mise en scène de Romane Bohringer.
C'est sa fille Romane Bohringer qui apporte les quelques élements de décor qui entoureront Richard Bohringer seul sur la scène : un guéridon et un pupitre dans la petite lumière de la servante, à droite de la scène devant le rideau blanc.
Elle qui a accompagné son père de son oeil bienveillant pour mettre en forme cette lecture-spectacle, veille sur lui et l'on sent toute la tendresse qui les unit dans le geste qu'elle pose sur son épaule avant de s'éloigner, une fois le plateau prêt et lui, installé.
Il sera assis au centre de la scène tandis que sur le rideau du fond défileront quelques images d'archives inédites (un interview cocasse lorsque apprenti comédien, il arpentait les rues de Saint-Germain) ou celles plus récentes du spectacle en train de se concevoir avec Romane et l'équipe qui y a travaillé.
Pour "Quinze rounds", Richard Bohringer raconte son parcours en quinze étapes, quinze rounds forts et poignants.
Sur la musique de son ami fidèle, le jazzman disparu Eddy Louiss, il évoque tout, depuis le HLM de Mamie où il a grandi dans le Val d'Oise, sa montée à Paris dans le quartier de Saint-Germain des prés où il passera sa jeunesse en rêvant d'écrire et fera connaissance de tous les artistes et poètes du moment.
Viendront ensuite ses addictions à l'alcool et à la drogue, les femmes qui ont compté pour lui et les innombrables voyages qu'il a fait aux quatre coins du monde. De tous les continents traversés, il est tombé amoureux de l'Afrique et en parle des étoiles dans les yeux.
On retrouve l'émotion du bourlingueur Bohringer dans cette lecture simple et belle, sa magie pour parler de l'écriture mais aussi ses "punchlines" qui font rire toute la salle. Et puis la mort qui guette...
On a l'impression de retrouver un vieil ami. Le public est éminemment touché par ce moment de grâce, sans doute le plus sincère et le plus dépouillé qu'il a pu faire, dans lequel il déploie avec douceur toute son humanité.
Et chacun de se lever pour l'applaudir à tout rompre, le remerciant pour tout cet amour donné. |