L’arrivée d’un nouvel ouvrage de Valérie Zenatti est toujours pour moi une très bonne nouvelle. Ecrivain, scénariste et traductrice du regretté Aharon Appelfeld, elle nous propose aussi ses écrits qui sont toujours des petits bijoux de lecture. Qui-vive, sorti en ce début d’année 2024, ne déroge pas à cette règle. Avec ce livre aux multiples facettes, elle nous prouve de nouveau un véritable talent romanesque.

Le personnage principal de son ouvrage, une certaine Mathilde, est une enseignante en histoire-géographie qui mène une vie heureuse autour d’une famille aimante constitué de son mari et de sa fille. Devenu insomniaque, elle perd le sens du toucher et retrouve des feuillets énigmatiques de son grand-père et une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem.

Mathilde se retrouve alors totalement désorientée, devenue pour elle-même une sorte d’énigme, à l’instar de l’époque qui est la sienne. Elle décide alors de partir pour Jérusalem, seule, sur les traces de Leonard Cohen, tout juste décédé, comme si la solution aux questions qu’elle se pose l’attendait en Israël depuis toujours.

De Tel Aviv, à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus, et quelques fantômes de son passé, ne font qu’approfondir le mystère. Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît.

Une fois encore, ce roman de Valérie se confronte aux problèmes de notre monde, particulièrement ici, vu les évènements qui se sont passés en Israël les mois derniers (le livre ayant été écrit avant évidemment).

J’ai beaucoup aimé son personnage de Mathilde (au-delà qu’elle soit prof d’histoire-géo comme moi), une femme allant bien jusqu’à ce que débarque ce conflit en Ukraine, qu’elle va prendre de plein fouet jusqu'à rester anesthésiée devant ce basculement historique pour se réfugier autour de Leonard Cohen qui va servir de fil conducteur dans l’ouvrage pour traverser les crises et le chaos qui s’installe dans le monde.

On va alors la suivre dans une espèce de road trip onirique, à travers Israël mais aussi autour de la ville de Jérusalem, une ville trois fois sainte marquée par de très grandes déchirures. Mais il y a aussi Capharnaum, Tel Aviv, Cana et Nazareth, avec chacune leur propre histoire.

Et puis il y a cette superbe musicalité qui empreigne notre lecture, autour du merveilleux Leonard Cohen, que l’auteure adore évidemment, de ses superbes chansons, des vidéos de son concert en Israël.

Il se dégage beaucoup de lumières de cet ouvrage, fort appréciable quand on sait ce qu’il se passe en ce moment en Israël et Palestine. Cette lumière nous vient des différents personnages que Mathilde rencontre au fil des pages et de son voyage. Rencontrer l’autre, celui qui est différent d’elle mais aussi du précédent lui permet de renaître, de mieux comprendre ce monde qui nous entoure pour espérer peut-être une humanité plus fraternelle (dont on est encore bien loin).

C’est donc une très belle lecture que nous propose encore Valérie Zenatti, parfaite pour ce début d’année.