Texte de Jean Genet mis en scène par Mathieu Touzé, avec Yuming Hey, Elizabeth Mazev, Stéphanie Pasquet et Thomas Dutay
Profitant de l'absence de Madame, Claire et Solange, les deux bonnes, dans un rituel où elles parodient leur maîtresse dans sa chambre, s'offrent la possibilité d'oublier leur condition pendant quelques heures.
Ourdissant l'empoisonnement de Madame dont le mari qu'elles ont fait mettre en prison par une lettre anonyme risque d'être libéré, elles deviennent fébriles à l'approche du retour de celle-ci.
Dans sa version de la célèbre pièce de Jean Genet, Mathieu Touzé a voulu axer sa mise en scène, dans un contexte contemporain, sur les dégâts produits par l'enfermement et la spirale de violence qu'il génère. Il a également souhaité mettre en avant la puissance du jeu et de l'imaginaire.
Pour cela, il propose des échanges menés tambour battant et un jeu porté parfois jusqu'à l'outrance dans une scénographie de sa conception, sobre mais évocatrice quant à l'instabilité et l'enfermement.
Elizabeth Mazev et Stéphanie Pasquet font entendre de façon magistrale le texte à la fois cruel et poétique de Genet et offrent un duo absolument réjouissant (même s'il laisse entrevoir toute la douleur des deux femmes) et totalement complémentaire dans cette satire sociale au vitriol.
Dans une incarnation à la limite de la parodie, Yuming Hey est Madame dans un jeu de transformation jubilatoire où il se révèle captivant, jetant assez de trouble pour qu'on puisse douter de la santé mentale de Madame.
Joué par ce trio remarquable, "Les Bonnes" offre une version juste assez éclatante et en même temps suffisament caustique pour laisser cet arrière-goût de malaise et de tragique.
Un travail sincère et cohérent. |