Réalisé par Rogelio A. Gonzalez. Epouvante Horreur. 1960. 1h32. Sortie le 3 avril 2024. Avec Arturo De Cordova, Amparo Rivelles, Elda Peralta, Guillermo Orea, Rosenda Monteros.
Il ne faudra pas beaucoup de temps au cinéphile pour trouver à cette farce horrifique mexicaine, bien anticléricale et pleine d'un humour presque anglo-saxon avec une pointe de cruauté ibérique, une parenté avec nombre de films tournés en Amérique par Luis Bunuel.
En regardant de plus près le générique, on y notera la présence de Luis Alcoriza, lui aussi exilé espagnol , lui aussi cinéaste et surtout immense scénariste, notamment pour... Don Luis, à huit reprises.
Et c'est sûr que, sans dénier le talent de celui qui a signé cette adaptation d'une nouvelle fantastique d'Arthur Machen, en voyant "Le Squelette de Madame Morales" de Rogelio A Gonzalez, on ne peut s'empêcher de penser ce qu'en aurait fait le réalisateur de "Los Olvidados" ou de ."L'Ange exterminateur", tous deux écrits par Luis Alcoriza.
La présence magistrale d'Arturo de Cordova, dans le rôle d'un taxidermiste aimant son métier, ses voisins et la tequila mais devant subir une épouse bigote, bancale et acariâtre, rappellera à tous une autre collaboration des trois hommes : "El" (Tourments).
Comme dans ce film, on découvre dans "Le Squelette de Madame Morales" que le cinéma mexicain, avec ses studios, ses stars et sa manière hautaine et exubérante de revendiquer ses différences, résistait toujours à son homologue yankee à l'orée des années soixante.
Cette œuvre parfois pagnolesque multiplie les personnages truculents, baroques, caricaturaux, méchants. Elle oppose bistros et bigots. Elle s'appuie sur des décors réalistes (cours d'immeubles moches avec enfants dignes des "Olvidados") ou totalement fantasmés (l'atelier de Monsieur Morales, le tribunal).
Et l'on hésite pas à scier des os présentés comme humains, à reconstituer des squelettes ou à brûler ce qui figure de la chair humaine.
Bref, on n'est pas à Hollywood et c'est avec gratitude qu'on remercie "Camélia" de ressortir ce classique qui transpire le cinéma par chaque pore de sa pellicule... |