Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
Arnold Schönberg : Pierrot Lunaire
(Klarthe Records) février 2024
"Je rêve un théâtre de chambre,
Dont Breughel peindrait les volets,
Shakespeare, les pâles palais,
Et Watteau, les fonds couleur d’ambre".
(Albert Giraud, extrait de "Théâtre" in Pierrot Lunaire, 1884)
Le Pierrot Lunaire d’Arnold Schönberg est un choc, un séisme presque. Une rupture en tout cas. Pour comprendre son Pierrot Lunaire, il faut comprendre l’envie de Schönberg de s’éloigner de l’esthétique post-romantique, d’ouvrir de nouveaux champs des possibles (cf. son traité d’harmonie datant de 1911), son travail sur les timbres, l’émancipation de l’harmonie et les "vestiges d’une esthétique passée", se détacher du système tonal, il faut se rappeler sa relation avec Wassily Kandinsky, l’abstraction.
Et puis il y a le Berlin de l’époque, tour de Babel extravagante et libérale, le monde du cabaret. Pierrot Lunaire, c’est une commande de la chanteuse de cabaret Albertine Zehme, c’est Berlin et non pas Vienne.
Ici deux versions : la version française de Guillaume Bourgogne d’après la traduction allemande d’Otto Erich Hartleben et sa version instrumentale.
Une interprétation fine faite par l’Ensemble Op.Cit : Sabine Tavenard (flûte et piccolo), Christian Laborie (clarinette et clarinette basse), Claudine Simon (piano), Albane Genat (violon et alto), Nicolas Cerveau (violoncelle) sous la direction de Guillaume Bourgogne avec la chanteuse Jessica Martin Maresco plus théâtrale que jamais, impeccable (autant musicalement que dans l’esprit de Schönberg) dans ce parlé-chanté.
La version instrumentale, pas moins intéressante donne forcément à entendre la partition autrement. Tout à fait recommandable donc.
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
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