Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce François Corbier
Interview  (Paris)  avril 2006

Appelez moi juste François.

Un chanteur épatant. La France avait enfanté un poète, et ne le savait pas. Le temps n'a pas de prise diront certains, sur les artistes au grand cœur.

Ceux qui font des erreurs, qui n'arrivent à la bonne heure. Trop tôt ou trop tard, en décalage. Décalé avec les média parisiens, mais jamais avec son public, les seuls à pouvoir juger, Corbier fait partie du paysage depuis longtemps déjà.

Et comme Jésus, oui Jésus, François en aura traversé des chemins de croix, arpenté des traversées du désert, bousculer des idées reçues après sa fameuse heure de gloire du à tout sauf à son talent. Plutôt son humour, aussi fort que son talent.

Pas de pitié pour les décroissants diraient les plus envieux, les plus jaloux, de cet iconoclaste insaisissable, et place aux jeunes, pas de place pour les poètes à la barbe grisonnante. Troubadour de la chanson depuis 40 ans déjà, Corbier chante, François compose, Corbier est un poète en prise avec le réel, une acuité du regard qui ne trompe pas. Dorothée passe chez Drucker à des heures de grande écoute, Jackie sur la TNT présente une émission dont j'ai perdu le nom, Framboisier fait du kart.

Corbier écrit des chansons, jamais sans sa barbe en bandoulière.

Nous sommes Mercredi, jour des enfants, place du Panthéon, lieu de rendez-vous des grands hommes.

Je réfléchis depuis deux jours, et il me semble que tu possèdes un peu même parcours que Jésus, dans une moindre mesure, avec tes succès et tes déboires, le physique même…

François Corbier : Oui si on veut. C'est marrant ce que tu dis, on m'a déjà fait la réflexion par rapport à une photo de moi.. Mais tu sais je ne regrette rien de mon parcours, s'il fallait refaire le Club Dorothée je le referais sûrement. Je serai sûrement parti plus tôt, peut etre un manque de lucidité sur cette histoire, qui pour ma part s'est fini fin 96.

Et puis plus rien pendant trois ans, les portes qui se ferment tout d'un coup. Je voyais bien aux regards des gens que ma musique n'intéressait personne, les sourires goguenards. L'étiquette Télévision était marquée sur mon front, indélébile. Alors que cela fait près de 40 ans que je suis musicien, j'ai quasiment débuté dans ce quartier (Ndlr : Le Panthéon, rive gauche), un peu plus bas, à la contre escarpe, sur une scène minuscule, aux cotés de Bobby Lapointe, j'y ai même vu les débuts de Coluche, à la guitare. C 'était la fin de la période Rive Gauche justement…

Pour revenir aux années 60, tu places les textes au centre de tes compositions, avec certaines références à cette époque. Je pense à Brassens sur L'arrêt du 118 notamment, et ton jeu de guitare très folk à la Woody Guthrie.. Cette époque a-t-elle été marquante pour toi ?

François Corbier : Oui bien évidemment. Toutes ces références sont exactes, mais si je devais retenir quelqu'un, je pense que ce serait avant tout Mississipi John Hurt, que je n'ai découvert que récemment d'ailleurs. Un guitariste capable de jouer des titres très longs tout en se foutant des formats, des titres de 20 secondes également. Un peu comme moi en fait, et depuis que je l'ai entendu, je me fous encore plus de la durée de mes chansons !

Il y a ce titre sur ton album sorti en 2005, L'apostat, que je trouve d'une beauté sublime, en accords mineurs, dans le meilleur style du "guitar picking". C'est une autre facette de toi, que je découvre à peine…

François Corbier : (Surpris) Ah tu as écouté l'album ?! Merci. Oui c'est une évidence que j'ai du mal à sortir des clichés me concernant, les boites dans lesquelles on veut m'enfermer. Je te disais que j'ai passé 3 ans sans rien faire, même si nous avons bien gagné notre vie pendant 15 ans sur Antenne 2 puis TF1, vient un moment où il faut bien vivre et payer ses factures. C'est pourquoi je suis parti de Paris, trop cher, pour m'installer à Evreux. "Carnet Mondain" (Ndlr : Aujourd'hui introuvable), sorti en 2001 est un disque de rupture. Rupture avec l'enfance, toutes ces niaiseries.

J'insiste, mais tes mélodies sont vraiment belles. Comment composes tu, en général ?

François Corbier : Essentiellement seul, au départ, à la guitare, puis avec l'aide de mes amis, notamment Gérard Jauffroy (Flute), Eric Gombart et Patrick Balbin (Basse, guitare), nous enrichissons l'ensemble. J'ai de plus en plus envie de me faire aider, assister par mes compagnons. Je ne suis pas un vrai musicien tu sais..

Quand même, vous composez les parties rythmiques et les gimmicks de toutes vos chansons !!C'est bien plus que la moitié des chanteurs d'aujourd'hui…

François Corbier : J'ai 62 ans et même si physiquement tout va bien, j'ai l'impression d'arriver au bout d'un style, pas d'un chemin hein !

En jetant un coup d'œil sur ton site, on se rend compte que tu tournes beaucoup. Je me souviens t'avoir croisé au festival d'Avignon il y a 5 ans. Et puis Bourges il y a deux semaines…

François Corbier : Le festival d'Avignon, j'y ai participé pendant 3 éditions, de 2000 à 2002. Je ne sais pas si tu le sais, mais sur Avignon, tu as le "In" et le "Off". Et être à l'affiche du festival Off, c'est avant tout gérer la location de la salle, les gens à payer, le public à faire venir. Le but étant de faire venir des gens du milieu artistique. Au bout de trois ans, il m'a semblé que la boucle était bouclée, il fallait passer à autre chose…

Quant à Bourges en 2006, cela reste une superbe expérience, avec un public très réceptif, des jeunes et des vieux. Et surtout des mails adressés par de jeunes personnes me disant : "C'est génial j'ai découvert la TV avec vous, et avec votre live je découvre un nouveau Corbier". C'est génial ! Pour la suite, j'ai encore pas mal de tournées planifiées, notamment une date le 8 juin à la Sorbonne, amphithéâtre Richelieu. Ce concert était initialement prévu en avril, mais à cause du CPE, il a du être reporté. Le CPE m'a TUER !!

Et en quoi consiste votre participation au Cassoulet Show le 30 juin prochain, c'est une grosse blague ?

François Corbier : (Rires) Non non pas du tout ! Il s'est trouvé qu'il y a trois ans j'ai été invité au Festival de dessin d'Angoulême, pour finalement jouer devant 10 personnes…Bref c'est le jeu.

Et à la fin du concert, un chevelu à la barbe immense avec un vrai look hardos vient me voir pour me proposer de participer à son Cassoulet Show à Poitiers. Et c'est très marrant car je suis quasiment devenu le membre d'honneur, aux cotés de groupes hardcore avec des noms pas possibles style Ultra Vomit !!

En revenant au CPE dont tu parlais voila peu, tous tes textes sentent l'engagement, avec une description ultra lucide du monde d'aujourd'hui, ses détails et ses failles…

François Corbier : Disons que je me cultive comme tout le monde, je lis la presse, je regarde la TV, et il me semble que la France est malade, que le monde que nous laissons à nos enfants est moins bien que celui que nous avons eu. Le CPE en est un exemple, je crois fondamentalement à l'équité des chances, et cette mesure aurait biaisé la partie dans un sens. Laisser pas mal de jeunes sur le carreau. Tous les politiques mangent aux mêmes râteliers, je ne parle pas d'engagement politique là. Et franchement je vois peu d'artistes contemporains maniant les mots avec dérision. Peut être ce type sur son piano, fils d'un écrivain. Vincent Delerm, qui joue avec le quotidien, dans l'autodérision.

Pour finir, ton site est extrêmement bien fait, riche en informations et visuellement très bien fait. Considères tu ce média comme ta bouée de sauvetage, face à l'omerta médiatique ?

François Corbier : Je pense franchement que nous ne serions pas ensemble si ce site n'avait pas existé. C'est mon fils qui l'a conceptualisé. Tu te rends compte que j'ai reçu près de 1200 mails suite à mon passage chez Delarue il y a un mois ! Et globalement des messages d'amours me disant "Corbier on t'aime". Ca fait un bien fou je l'avoue.

Parfois des gens un peu perdus, comme cet internaute m'affirmant que le SIDA n'existe pas, que c'est un concept et un mensonge. Forcément j'ai essayé de le raisonner en lui répondant que cette maladie tue encore et encore... J'aurai bien voulu l'orienter vers des spécialistes mais il ne m'a jamais répondu. Mais je sais que les gens m'aiment, comme si les gens qui m'ont vu à la TV me suivaient aujourd'hui dans ma nouvelle carrière.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Tout pour être heureux de François Corbier

En savoir plus :

Le site officiel de François Corbier

Crédits photos :Thomy Keat


Little Tom         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=