A chacun sa petite française.
A Roland Garros comme dans la musique chaque pays a un petit faible pour ses gloires locales. Et malgré tout, en France c'est tout de même la chanson française (par extension québécoise, francophone) qui fait le plus recette dans les foyers.
A tel point que tout le monde sait quelles pressions sont faites sur les artistes français ne voulant pas céder au choix du texte dans la langue de Molière.
Quoi qu'il en soit, avoir son lot de chanteurs francophones a du bon en général et permet, pour un label qui se veut résolument, et historiquement rock et précurseur, d'attirer sans doute un autre public vers son catalogue.
Beggars Groups a donc cédé à la tentation et c'est par l'intermédiaire de sa branche française que le groupe signe sa première artiste française (si l'on excepte la multinationale Stereolab et notre bien nationale Laetitia Sadier).
Barbara Carlotti est donc une artiste française qui donne de prime abord dans la chanson gentiment réaliste. Petites histoires façon Delerm mais à l'écriture plus fluide et moins narrative. Musicalement en revanche, nous sommes bien loin des Delerm ou autres Cherhal.
Dans Les lys brisés, le songwriting folk côtoie la chanson française 70's. Le chant limpide et un rien maniéré fait parfois penser à celui de chanteuses des années 60 également, et on ne peut que penser dès les premières notes à Catherine Leforestier, sœur de l'autre, plus connu.
Le chant en anglais est sensiblement différent et laisse penser que Barbara serait plus à l'aise dans ce registre sur le très joli duo "Charlie the model".
Le charme opère aussi sur le titre suivant "Mélodie de la dernière pluie" dont les harmonies vocales un peu éthérées sont remarquables de douceur et de finesse et ne sont pas sans rappeler Emilie Simon.
Pourtant certains titres laissent plus indifférents et agacent même parfois. Les textes trop ampoulés chantés d'une voix distante et un peu hautaine gâchent un peu le côté intimiste et sensuel, épuré, que l'on pourrait comparer à Elysian Fields toute proportion gardée.
On retiendra néanmoins "Tunis" pour sa mélodie et ses arrangements parfaits, "Une rose pour Emily" qui est en fait une réécriture du "A rose for Emily" des Zombies, "D'accord" qui rappelle le Dominique A d'il y a quelques années (Françoiz Breut diront certains), et on repêchera "Cannes", une comptine amusante, désuète et sans grand intérêt mais qui pourrait bien faire mouche cet été et pas seulement sur la croisette.
Il n'y a pas de petits plaisirs ! |