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Théâtre Transversal  (Avignon)  du 29 juin au 21 juillet, à 12 h 45 (les jours pairs)

Spectacle mis en scène et interprété par Shu Okuno.

Si l'on voulait définir très ou trop rapidement Shu Okuno, on écrirait qu'il est un mime japonais. Et puis, après avoir vu son spectacle, Blanc de Blanc, on comprend que cette définition ne colle pas tout à fait à la réalité onirique qu'il a dessinée sur scène pendant une heure.

"Mime japonais", c'est peut-être un "oxymore", car le mime est un artiste qui s'exprime d'abord par le visage et, Shu Okuno l'affirme, les Asiatiques préfèrent passer par des masques que par des mimiques. Ils n'aiment pas exagérer leurs expressions, aller jusqu'à la caricature de leurs traits. Shu Okuno n'est donc pas vraiment un mime car, avant tout, il pratique l'art du geste.

Bien sûr, si l'on suit son parcours, cet homme né au Japon en 1975 vit depuis vingt-trois ans entre la France et son pays natal. Il est venu ici sur les traces de Marcel Marceau. Son personnage, pantalon blanc tenu par des bretelles, chemise noir et petit bonne gris, n'est pas sans rappeler le "Bip" de son maître.

Mais la ressemblance s'arrête là : Marceau était constamment dans l'affirmation, Shu Okuno, lui, reste dans la suspension. Marceau pouvait aller jusqu'au clownesque, pas lui. C'est un poète qui évoque, qui propose. C'est un peintre abstrait qui esquisse, qui choisit ses touches de couleur sans avoir besoin que son tableau prenne un sens définitif.

Dès lors, dans les six moments qui compose "Blanc de Blanc", dont un moment éponyme, il n'y a jamais cette violence inhérente à la condition du mime. Bip-Marceau pouvait être en colère ou pleurer, Shu OKuno a choisi la douceur, la délicatesse. Peu à peu, on est conquis par ses mouvements jamais brusques, ses déplacements feutrés sur une scène subtilement encombrés de ballons blancs géants par l'architecte Nanao Ishizuka. Tout est grâce et humour chez celui qu'on peut qualifier de franco-japonais. Sur le tableau noir où il écrit le titre de chacun de ses moments, à commencer par la très poétique "Heure bleue", on s'attend à ce qu'il trace le mot en idéogrammes... Eh non ! C'est à la craie qu'il l'écrit en alphabet latin, avec une application de calligraphe oriental.

On n'ira pas jusqu'à dire que le spectacle de Shu Okuno a des vertus thérapeutiques. On en sortira pourtant mystérieusement apaisé, prêt à affronter les pires contrariétés de l'époque.

 

Philippe Person         
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