Après une première journée plutôt axée sur la world music, ce samedi s'annonce comme la grande soirée rock du festival avant l'anniversaire de Tôt ou Tard ce dimanche (et donc composé principalement de chanson française).
David Walters ouvre le bal au forum au milieu de ses multiples instruments. En plein dans la génération live-sampling, il joue, enregistre et chante seul mais richement accompagné... par lui-même.
Du folk à un début de hiphop, il touche à tous les styles et tient la foule en se réjouissant du concert. Nous aussi.
Sur la grande scène, place à du vrai rock anglais avec The Rakes.
Pas de looks travaillés, pas d'attitude de stars, les Rakes font du rock simple mais bougrement efficace. Pas forcément original mais de quoi bien continuer la journée et commencer à habituer les oreilles aux décibels.
S'il n'y a qu'une chose à dire sur son concert c'est bien que peu importe qu'il soit dans un petit club ou sur une grande scène, Katerine a la classe.
La classe du grand dandy qu'il est, fleur dans les cheveux, accompagné de ses fidèles ex-Little Rabbits (moins Federico probablement occupé par son nouveau side-project). Moins bavard que sur les petites scènes, il ne se donne toutefois pas moins en spectacle dans un show dont il est seul à detenir le secret, mêlant guitares rock, rythmes irrésistiblement dansants et textes surréalistes.
Toujours dans la puissance, Tom Barman et dEUS lui succèdent avec un concert impeccable de force. On revisite le répertoire avec une toujours fabuleuse Instant Street avec Mauro Pawlowski au chant, tout en ajoutant de nombreux nouveaux titres. Barman se déchaîne et entraine avec lui toute la place dans ses envolées soniques.
Pas de répit pour les oreilles, aussitôt dEUS sortis de la scène ce sont les Yeah Yeah Yeahs qui l'envahissent avec leur chanteuse charismatique en première ligne.
Karen O en fait des tonnes pour le plaisir des spectateurs, jouant tantôt avec son micro ou tantôt avec le public en s'affichant sur le devant du plateau avec des poses pour le moins suggestives. La musique est à l'avenant, rentre-dedans, sauvage; totalement débridée. On en redemande.
Pendant ce temps dans le village, et plus précisement dans le Magic Mirror, Cirkus commence son deuxième concert du festival.
Curieuse rencontre entre Neneh Cherry, Cameron Mc Vey, John Tonks, Matt Kent et Lolita Moon, le collectif étonne et force l'admiration.
La guitare accoustique cotoie les nappes electro, la sublime voix de Neneh Cherry s'ajoute à celle de Lolita Moon et cette fine équipe semble aussi heureuse de jouer que le public d'assister à ce spectacle etonnant et surprenant d'originalité.
Après cet intermède réussi, retour sur la grande scène pour répondre à la grande question de ce festival : comment vont être les Happy Mondays ?.
En effet, de retour sur la scène en attendant un prochain album, les rescapés de l'époque Madchester sont attendus au tournant : ils doivent à la fois tenir leurs promesses face aux vieux fans tout en prouvant à la nouvelle génération de rockeurs qu'ils méritent leur réputation.
Dès les premières minutes, on sent que la réputation ne va pas souffrir de ce concert : les deux frères Ryder se font attendre, laissent leurs musiciens commencer et arrivent sur la scène comme on pouvait les imaginer. Shaun a pris de nombreux kilos et débarque nonchalement, petites lunettes noires au bout du nez, verre d'alcool dans la main avec un petit cuir fripé et une démarche chancelante.
Bez, le héros le plus inutile (et donc indispensable) de l'histoire du rock, le suit maracas en main pour son habituelle danse d'entertainer allant de cour en jardin en attisant le public. Shaun crie plus qu'il ne chante et ne bougera que très peu pendant tout le concert, ponctuant les pauses entre les chansons de vociférations.
La scène pourrait paraitre risible mais la force des Happy Mondays est que malgré ce chaos, ils donnent assez de puissance pour faire danser, remuer et réveiller les souvenirs de ceux qui considéraient Pills and Thrills and Bellyaches comme l'un des chefs d'oeuvres de cette grande époque. Et qu'aurait-on dit s'ils étaient arrivés proprets, à jeun et sympathiques ?
La dernière preuve qu'ils tiennent à leur légende est qu'ils n'ont pas souhaité qu'on les prenne en photo. Il faudra donc réserver leur prochain passage en France pour savourer le spectacle.
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