Texte de Marion Aubert, mis en scène de Nina Campan avec Juliette Bargain, Rémi Giordan, Margaux Hajjar, Charlotte Moinat et Morgane Patton.
Quand on porte un titre aussi étrange que Orgueil, poursuite et décapitation, on ne peut pas être un spectacle sage semblable à tous les autres. D'autant plus quand on sait que son auteure, Marion Aubert, et sa metteuse en scène, Nina Campan, se revendiquent, entre autres, des Chiens de Navarre.
Il s'agira donc d'une succession de sketches dans la tradition hexagonale qui remonte à des noms qui ne devraient rien dire aux jeunes gens porteurs de ce projet : on pense évidemment aux Branquignols de Robert Dhéry.
Ainsi, on laissera une partie du plateau à la supposée auteure du texte pour qu'elle puisse le taper, le réformer ou le commenter. Elle développera, par exemple, le concept volontairement idiot de "chon chon", n'hésitera pas à frôler le très mauvais goût. Dès lors, on ne peut pas juger le spectacle sans admettre qu'on puisse passer très vite du pire au meilleur, et réciproquement.
Les cinq acteurs, Juliette Bargain, Rémi Giordan, Margaux Hajjar, Charlotte Moinat et Morgane Patton, sont à l'unisson pour faire vivre une succession de personnages loufoques ou décalés. Tout, on le répète, n'est pas réussi dans ce spectacle foutraque qui prend de temps en temps la forme d'une "revue de fin d'années". Quelquefois, on aurait envie que les numéros soient abrégés car, en réduisant certains passages, on rirait davantage et l'on s'attacherait à des caractères toujours bien sentis mais qui perdent de leur mordant à la longue.
En gagnant en rythme, cette satire tous azimuts s'attaquant à la famille comme aux relations sociales atteindrait toutes ses cibles. On prédit à son auteur de beaux jours théâtraux quand elle aura réussi à canaliser tout son flux créateur. Pour l'heure, le résultat n'est pas catastrophique et l'on suppose qu'au fil des représentations, beaucoup de scories devraient disparaître. C'est ce qu'on souhaitera à la jeune équipe de Orgueil, poursuite et décapitation dont la bonne humeur est toujours communicative. On les félicitera aussi pour leur volonté de provoquer une société française pas très brillante en ce moment et surtout, de ne pas prendre, comme tant d'autres, la voie du cynisme et de l'arrogance pour y parvenir. |