Spectacle écrit, mis en scène et joué par Gurshad Shaheman et Dany Boudreault.
Gurshad Shaheman, né en Iran, et Dany Boudreault, élevé au Canada, ont imaginé un projet théâtral issu du réel. Ils se sont rencontrés lors d'un festival. Tous les deux queers, ils ont tenté de répondre à la question "Qui es-tu ?". Ils donc ont mené une enquête mutuelle, explorant les origines de l'autre à travers des voyages dans les lieux où celui-ci a grandi et des entretiens avec leurs proches.
Sur scène, ils présentent simultanément leurs découvertes à travers deux récits distincts, accessibles simultanément via un casque audio, à chaque spectateur de choisir quel texte récité sur scène il va écouter tout en ayant le loisir de basculer à n'importe quel moment du texte d'un des comédiens à celui de l'autre. Cette approche souligne l'idée que l'identité est toujours incomplète et en constante évolution.
D'autre part, la scénographie fait que les auteurs/acteurs se croisent dans le même lieu, un appartement, même s'ils sont censés se trouver à des milliers de kilomètres de distance, sans jamais s'adresser la parole. Ce décor est séparé de la salle par un tissu léger qui représente un mur, d'autres murs toujours en tissu font que plus l'acteur s'éloigne moins il est visible par les spectateurs, parfois jusqu'à ce que sa silhouette devienne indistincte, comme les traces et les souvenirs de jadis.
Alors certes on comprend l'effet recherché par ces choix artistiques osés et originaux, et ils peuvent soit séduire intellectuellement, quitte à dérouter le spectateur, soit avoir un effet repoussoir.
En effet, passer d'une piste à l'autre donne l'impression de deux textes qui n'ont pas plus de valeur l'un que l'autre, deux textes dispensables et sans enjeux d'autant qu'ils sont récités sans affect particulier. De même, la séparation imposée avec le public rejette les acteurs/auteurs dans leur altérité totale, sans qu'aucune compassion ou sympathie n'émerge, les privant même d'humanité pour les réduire à des silhouettes peu distinctes, flottantes et éloignées. Ce résultat d'ailleurs s'accentue au fur et à mesure que la durée de la pièce s'allonge.
Intellectuellement séduisante par ses choix radicaux d'installation, "Sur tes traces" ne tient néanmoins pas toutes ses promesses sur scène. |