Trio George Sand, Violaine Despeyroux & Mieko Miyazaki
Le Voyage imaginaire de Mozart au Japon
(EnPhases) octobre 2024
Et si Mozart avait voyagé au Japon, quelles auraient été ses impressions, quelles influences aurait eu sur lui, sur sa musique, ce voyage au "pays aux toits d'or" ? Naturellement, nous sommes ici dans la totale fiction, le pays étant alors isolé du monde, replié sur lui-même mais c’est le postulat de départ que propose le Trio George Sand.
Et l’ensemble joue le jeu jusqu’au bout invitant Richard Collas (fin connaisseur du Japon et auteur notamment du Dictionnaire amoureux du Japon) à inventer une exquise correspondance (racontant son voyage, son ressenti sur le pays, la musique et l’organologie japonaise) entre Mozart et Constance, Joseph Haydn, Johann Michael Puchberg, son ami japonais Papa Geino. Une correspondance fictive mais lettrée, érudite que l’on retrouve dans un beau livret avec des illustrations du peintre Balthus réalisées pour Cosi Fan Tutte, un dessin et un entretien avec Setsuko Klossowska de Rola…
Le trio accompagné par l’altiste Violaine Despeyroux met en regard la musique de Mozart interprétée avec finesse (les deux quatuors, des transcriptions de Jean-Michel Ferran des ouvertures de Cosi Fan Tutte, Der Schauspieldirektor, la sérénade de Don Giovanni (pour trio à cordes et Koto) avec deux pièces contemporaines commandées pour ce disque.
D’abord le pointilliste Suikinkutsu (pour quatuor avec piano et koto) de Misato Mochizuki : Écouter le bruit. Voir et entendre l’invisible et l’inaudible. Cette attitude nous permet d'entrevoir la culture et les pensées des Japonais de l'époque. Cette petite pièce est un hommage à cette spécificité de la culture japonaise : honorer les sons à peine audibles et tous les "bruits", présents à la fois dans la nature mais aussi dans le son des instruments de musique, en étant par exemple obstrué par un "sawari". Ensuite le coloré Nui (pour trio avec piano), référence aux processus de teintures des kimonos de Dai Fujikura.