Tout le monde ne peut pas faire de country sans avoir l’air ridicule, surtout quand on est français. Car, au-delà de se frotter à un genre qui frôle l’appropriation culturelle, c'est se frotter à quelques monuments du genre. N’est pas Townes Van Zandt ou Willie Nelson qui veut.
Dans cet exercice pourtant, Baptiste W. Hamon tire haut la main son épingle du jeu et avec ce nouvel album qui dit clairement tout son amour pour cette musique-là puisqu’il s’intitule sobrement et logiquement Country. Il continue de tracer son chemin vers les plus grands noms du songwriting. Des envolées sonores magnifiques, des textes simples et narratifs, peut-être autobiographiques, peut-être un peu romancés, souvent drôles avec pas mal d’autodérision et très touchants, le tout en français, excusez du peu !
"On s’est toujours foutu de ma gueule quand je disais que j’aimais la musique country" chante-t-il sur "Oh que j’aime la musique country". N’empêche qu’il a eu raison de persévérer et de ne pas écouter les sceptiques. Mais on le savait déjà au travers de sa discographie précédente de haute volée (les chansons "Hervé" ou encore "Peut-être que nous serions nous heureux", "Terpsichore" et quelques autres sont des chansons superbes qui ont font déjà de Hamon quelqu’un qui compte dans le paysage musical français).
On trouve même une reprise du "Stewball" de Hugues Auffray, qui était de ces chansons tire-larmes quand j’étais un petit gars et que mes parents écoutaient ce disque. Comme le reste de cet album, c’est osé, c’est réussi et c’est toujours une chouette chanson.
"Je ne serai jamais une Super star" chante-t-il un peu à la manière des Mustang dans "La porte au nez". C’est sûr que la country chantée en français c’est niche. Mais beaucoup d’artistes devraient suivre son conseil : "le truc le plus fun que j’ai jamais fait, c’est d'arrêter de faire semblant" dans une chanson où il explique qu’être soi et en être fier vaut mieux que tout le reste.
Un peu à part, "Pour exprimer ce qu’est l’amour" et "Rabbit pâté" sont plus mélancoliques et doux mais tout aussi beaux, même peut-être les plus beaux titres du disque, moins connotés country et très touchants notamment par la voix singulière de Baptiste W. Hamon qui nous charme totalement, un peu dans la lignée des titres de ses précédents disques, notamment L'insouciance, son premier album.
Et quand il chante "Je ne suis pas Georges Moustaki, je ne suis pas Clara Luciani…. je trace ma route et puis c’est tout" et bien c’est tout ce qu’on lui souhaite car encore une fois, Hamon arrive à faire d’un concept album improbable un disque touchant, accessible sans tomber dans le cliché de la variét' country. C’est fin, c’est malin et c’est à découvrir.
Finissons avec une citation de l’album : "les rabats joies et les grincheux qui restent chez eux, tant pis pour eux”.