Pièce de Gary Owen traduite par Blandine Pélissier et Kelly Rivière mise en scène par Georges Lini avec Gwendoline Gauthier.
Effie passe son temps à "se mettre des mines" à la vodka ou à la bière pour fuir la réalité et oublier son quotidien de misère dans ce quartier de Cardiff déprimant où son avenir reste de la couleur des murs. C'est une soirée dans un bar qui va transformer sa vie à jamais.
Quand on avait découvert cette pièce en France, c'était à Avignon en 2019. Blandine Pélissier avait créé ce texte de l'auteur gallois Gary Owen en France. Sa traduction (avec l'aide de Kelly Rivière) était magnifique. Et sa mise en scène, tout autant.
On se disait qu'il coulerait beaucoup d'eau sous les ponts avant que ce texte ne soit aussi bien mis en valeur. Et puis, il y a cette version du metteur en scène belge Georges Lini. Et soudain on a l'impression de redécouvrir cette pièce.
D'abord Gwendoline Gauthier, la comédienne, se tient au centre du triangle formé par les musiciens Pierre Constant, Julien Lemonnier et François Sauveur. Tous trois en remarquable osmose sont d'une écoute impressionnante. Les premières minutes sont âpres, déstabilisantes. La musique (formidable) emporte l'histoire. La comédienne sans compromission ne lâche pas son auditoire. Et la magie opère.
Gwendoline Gauthier, comme Morgane Peters avant elle dans la version de Blandine Pélissier, est Effie, cette Iphigénie moderne, combative et pleine de rage dont le sacrifice, comme l'héroïne grecque, marquera au plus profond.
Elle accomplit un travail magistral pour passer par toutes les étapes, de la plus grande agitation à la plus grande amertume. Et donne tout dans cette incroyable tragédie.
"Iphigénie à Splott", dont on apprécie encore une fois la traduction formidable, fait le constat d'une société en échec. Le texte de Gary Owen est imparable et magnifiquement construit. C'est brut, amer, saignant et Georges Lini en a définitivement fait une version exceptionnelle qui vous retourne la tête et le coeur.
Immanquable ! |