Seul en scène de Gauthier Fourcade mis en scène de Vanessa Sanchez.
Pour son sixième spectacle, Gauthier Fourcade n'a pas choisi un titre court et s'est amusé à poser une question fermée à ses spectateurs.
Ils auront un peu plus d'une heure pour y répondre, en ne se laissant par divertir par la malice d'un humoriste qui n'a jamais été aussi heureux d'être sur scène. On peut l'écrire sans faire un tour complet de la piste où il se meut, du cadran sans aiguilles où il va accomplir ses révolutions : ce nouveau spectacle allie beauté et élégance, gentillesse et beaucoup d'esprit. Toutes ses qualités, on pourrait les illustrer et leur union signifie que Gauthier Fourcade est arrivé à maturité.
On a parfois dit qu'il avait des allures de clown, mais la référence n'est pas la bonne : c'est plutôt au monde du mime qu'on pourrait le raccrocher. Ce n'est pas à proprement parler un clown blanc. Non, il n'a pas de compère à grandes chaussures... Gautier est aussi lunaire qu'un Pierrot avec un petit plus : il parle. Mais sa parole n'est jamais une pensée toute faite et il sait s'affranchir des lieux communs propres à ceux qui sont seuls en scène. Parti rendre visite aux sélénites, il égrène ses mots d'auteurs et ses jeux de mots, tous légers comme des papillons. Il s'ébroue dans un monde où faire des boulettes en papier et les déplier suffit à provoquer une discrète hilarité. A la différence d'un Raymond Devos, à qui on le compare souvent, Gauthier Fourcade n'a pas l'astuce insistante. Il jongle avec les mots mais jamais en rafales faciles pour faire virtuose et susciter l'admiration générale.
Peut-être que certains spectateurs regretteront qu'il refuse les répliques appuyées. Il faut redire qu'à l'instar de ses précédents spectacles, Le sens de la vie est-il un sixième sens ou celui des aiguilles d'une montre ? n'est pas une succession de sketches. On suit ici un personnage sortant du ventre de sa mère et qui va, dès lors, vivre sa vie avec tous les bonheurs et les dangers qu'elle comporte.
Pour réussir ce beau moment de vrai théâtre qu'il a imaginé aussi simple que passionnant, il s'est entouré d'une équipe épatante. Vanessa Sanchez l'a dirigé avec tact et douceur dans le beau décor de Blandine Viellot qui, avec seulement quelques éléments, un rond entouré de papiers en forme de boulettes de toutes tailles et une fausse double-échelle ADN, ajoute une once de mystère quasi philosophique à des propos pas qu'amusants.
On n'oubliera pas non plus les lumières d'Hervé Bontemps qui mettent en valeur la tenue en blanc gris de Gauthier Fourcade et rehaussent d'un éclat bleuté sa chevelure maintenant blanchie.
Ce mi-naïf qui aime continuer à faire croire qu'il a traversé l'existence en hurluberlu est désormais parfaitement à l'aise sur la scène et son plaisir de jouer, il le renvoie sans ostentation à un public qui, au final, n'aura pas grand-chose à lui reprocher, sauf peut-être de l'obliger à applaudir sans retenue. |