Spectacle de Joël Pommerat mis en scène et interprété par Nina Cruveiller et Nina Ballester.
Il y a une petite fille qui s'ennuie et ne rêve que d'aller voir sa grand-mère au fond de la forêt. Et sa mère qui est, elle, très occupée.
S'étant lancé dans la réécriture des contes pour enfants il y a une vingtaine d'années, Joël Pommerat a proposé ses propres versions de Cendrillon, Pinocchio et Le Petit Chaperon Rouge.
Ces trois pièces demeurent à la fois fidèles aux contes originaux de Grimm, Perrault ou Carlo Collodi mais aussi très personnelles tant elles interrogent sur des thématiques de société. En y insufflant une certaine modernité, l'auteur permet au spectateur de recevoir sans manichéisme l'histoire à laquelle il ajoute de l'humour et de l'absurde.
Et voilà maintenant qu'une jeune compagnie s'empare du texte de Joël Pommerat et en présente sa propre mise en scène. Elles sont deux et portent le même prénom : Nina Ballester et Nina Cruveiller ont mis en scène collectivement et jouent tous les personnages (la mère, la petite fille, le loup et la grand-mère). En se plongeant à fond dans cette histoire, elles réussissent à tenir captivé un public qui la redécouvre.
Certes, il n'y a pas les ombres créées par Eric Soyer dans la version originale de l'auteur-metteur en scène mais belle trouvaille : l'ombre est ici jouée par une des deux Nina.
Et les deux comédiennes aussi complices que complémentaires ont effectué un travail convaincant, que ce soit dans l'ambiance, la choralité ou la gestuelle pour revisiter avec talent la pièce de Pommerat et en présenter une version réellement envoûtante.
C'est à la fois déjanté et grave, profond et clownesque, saugrenu et poétique.
Un très joli travail qu'il faut courrir applaudir. |