Pièce écrite et mise en scène par Lauriane Goyet avec Colomba Giovanni, Lucie Giuntini et Marie Orticoni.

Tous les jours, grâce à la promenade de son chien, elle peut s'échapper du foyer familial et retrouver son amie sur ce banc en haut de la colline.

Tous les jours, elle fait le compte des insultes, des coups et des cris qui dépasse celui des câlins et de l'amour maternel.

Sur ce banc, elles parlent du quotidien : les garçons, les bonbons achetés chez l'épicier du coin et la violence de son père. Mais butée et enfermée dans sa souffrance, elle reste évasive quand son amie la questionne et veut l'aider.

Sur et autour du seul élément de décor : le banc au centre où elles attendent, se serrent ou se recroquevillent, les trois comédiennes avec une vraie cohésion jouent ce drame qui monte lentement en puissance avec une tension qui ne faiblit pas et une sensation de malaise persistant.

Lauriane Goyet a réalisé avec "La peau des autres" un travail pétri de justesse qui transmet on ne peut mieux les sensations adolescentes. Avec une belle écriture, sans fioritures, elle raconte avec infiniment de délicatesse le manque d'amour et la violence familiale que la victime finit par excuser, par peur.

Les trois interprètes de 19 ans de la compagnie corse Acrobatica Machina sont confondantes de vérité. Lucie Giuntini est poignante de complexité. Dans le rôle de l'amie, Colomba Giovanni est bouleversante et lumineuse. Enfin, Marie Orticoni, danseuse qui joue le personnage muet, illustrant par le corps les émotions, est épatante d'écoute et de présence.

Un spectacle aussi fort que salutaire, qui a le pouvoir de libérer la parole. Une oeuvre admirable.