Mélancolie assumée, contemplation béatifiante, spleen affiché, le nouvel opus de Trespassers William a atterri en douceur dans les bacs.
Formé en 1996 par le guitariste Matt Brown, la chanteuse Anna-Lynne Williams et le bassiste Ross Simonini, Trespassers William puise son nom dans Winnie l'ourson (il s'agirait du grand père de Porcinet !).
Après 2 albums (Anchor, Different Stars), le trio Trespassers William revient avec un nouvel opus baptisé Having. Le trio, originaire de Los Angeles, poursuit dans sa veine slow-core mais cette fois épaulé dans leur entreprise par Dave Fridmann (Flaming Lips, Mogwai, Sparklehorse, Mercury Rev).
La chanteuse, à la voix envoûtante, distille sa mélancolie sur des paroles intimistes. Sa voix éthérée s'étire, reste minimaliste et devient nappe musicale. Elle ensorcelle et enficelle l'auditeur qui se retrouve pris dans ses filets. Lever de soleil sur un grand lac plat, brume naissante, ce disque ressemble à une BO des grands espaces. Le chant de sirène d'Anna-Lynne Williams nous noie dans une volupté enivrante.
Il est difficile de faire une chronique purement musicale ou technique de cet album. Ce dernier joue avant tout sur les atmosphères, les sensations et les images. La mélancolie est le fil conducteur de cet album qui s'écoute et se ré écoute, se découvre puis s'apprécie.
La première impression (qui est parfois le bonne, mais pas toujours...) nous donne le sentiment de tourner en rond, de répétition. L'ensemble très homogène, nous fait glisser d'un titre à l'autre sans même s'en apercevoir.
En fait, des conditions minimum sont requises car ce disque ne s'écoute pas en faisant la vaisselle (comme malheureusement une bonne partie de la production actuelle). Un fauteuil confortable, un canapé moelleux, une position de relaxation optimale, yeux fermés et vous voilà prêt à accueillir la plénitude et le spleen.
Alors, peu à peu on discerne mieux les morceaux, les spécificités de chacun, les subtilités, le battement d'ailes qui change tout. Remettre cent fois l'ouvrage sur le métier ou le disque dans la platine fera apprécier à chaque fois davantage ce disque.
Manifestant un côté pudique, ce disque ne se découvre pas facilement mais lentement, sensuellement, écoute après écoute.
On pense aux atmosphères et à la voix de Mazzy Stars, à la dream-pop de Cocteau twins. Trespassers William nous offre un disque intimiste mais ouvert sur les grands espaces, plus léger que l'air. Hypnotisé consentant, on accepte cette invitation à un voyage aérien en espérant que le voyage s'éternise. |