La première journée de la collection Eté 2006 de la 16ème édition de la Route du Rock commençait fort avec deux grandes pointures les américains de Calexico et les écossais de Mogwaï dont leurs récents albums, respectivement, Garden Ruin et Mr Beast, ont fait l'unanimité et ce soir, en livre, ils reçoivent un accueil magistral.
Road movie from Tucson Arizona
Les américains de Friends Of Dean Martinez seront les premiers à fouler les planches du Palais du Grand Large.
La Route d'hiver 2006 a accueilli les Giant Sand, la collection été 2006 reçoit pour ouvrir les festivités au Palais du Grand Large Friends of Dean Martinez, les compères de Calexico. Cette "autre branche" de la galaxie Tucson, Arizona oeuvre plutôt dans l'instrumental et l'incitation au voyage, la bande son de vos plus beaux westerns.
Le Palais du Grand Large ouvre ses portes avec les Friends Of Dean Martinez, pour cette nouvelle édition de la Route du Rock.
Les américains déploient une musique éthérée et racée, aérienne et hypnotique, déroulant un long panorama d’ambiances et de paysages surdimensionnés.
Bill Elm, guitariste et leader du groupe, fait résonner ses accords cristallins dans l’auditorium de Saint Malo avec une aisance technique déconcertante.
Les américains, compagnons de route de Calexico ou d Giant Sand, provoque deux types de réactions. On est soit charmé par leur bande son, soit on s’ennuis à mourir, comme mon voisin de siège, qui comparera leur musique au "chant des baleines"…
Peu importe, Friends Of Dean Martinez déroule pendant une petite heure. De longues plages calmes, s’emballant tout juste à de très rares moments.
Le festival commence en douceur..
Avec Calexico ça "mariachi" sec.
Leur americana prend d’assaut la scène pour défendre son virage pop à nouveau visage.
L’occasion également d’offrir au public transi (d’admiration ou de froid, rayer la mention inutile) un melting pot de l’ancienne et nouvelle ère Calexico, du "Sunken Waltz" intime issu de Feast of wire aux nouvelles chansons de Garden Ruin ("Letter to bowie knife", "Cruel"), Joe Burns réchauffe le froid et comble l’assemblée dans le plus pur style hispanique de Calexico.
L’espace d’un instant, un brin patriote, les américains se fendent d’une reprise de Gainsbourg avec "La chanson de Prévert".
Indéniablement, le grand moment de ce concert fort en émotions restera la sublime reprise de "Alone again or" de Love, chanson hommage à Arthur Lee, décédé voila deux semaines. Chanson intemporelle d’un groupe qui, de l’aveu même de Burns, a fortement inspiré les compositions de Calexico.
Sublime, magique, puissant, majestueux…les mots se bousculent et se perdent pour décrire ce qui nous a été donné à voir ce soir-là sur la grande scène du Fort de Saint Père..
Mogwai aime faire du bruit...
Sublime, magique, puissant, majestueux…les mots se bousculent et se perdent pour décrire ce qui nous a été donné à voir ce soir sur la grande scène. Il est 1h du matin quand les cinq écossais de Mogwaï investissent le Fort.
La tension est palpable dans le public. Ca se bouscule pour être aux avant postes, personne ne veut rater le phénomène post rock venu de l’autre côté de la Manche.
Dès les premières secondes, un déluge sonore nous submerge. Mogwaï déferle sur nous à grandes eaux, armés de ces trois guitares lunaires.
Le mur du son est impressionnant : compact, massif, énorme sans jamais être strident ou inaudible. Un tour de force sur une scène de cette importance et dans des conditions de plein air.
Quasi instrumentale, la musique des écossais se déguste les yeux fermés.
Le groupe s’affranchit de toutes contraintes inhérentes à la musique, en détruisant le schéma classique couplet-refrain, au profit de morceaux longs et hypnotiques, jouant sur les répétitions et les montées vertigineuses.
Le public prend littéralement son pied (au sens propre, pour un couple plutôt…entreprenant dans la fosse). "Auto rock", "Glasgow mega-snake", "Hunted by a freak", Mogwaï déroule son talent pendant près d’1h15 de set.
Les fans exultent, les néophytes prennent une sacrée claque.
Le groupe se pose en maître incontesté du post rock, un genre qui commence à reconquérir ses lettres de noblesse depuis quelques années, grâce notamment à des groupes comme Godspeed You Black Emperor, Mono entre autres.
Après un final apocalyptique, les écossais repartent comme ils sont venus…en toute simplicité. Le grand concert de cette première journée…tout simplement.
Côté sonique, les américians de Liars ne sont pas en reste.
Avertissement : Liars est déconseillé aux épileptiques, psychopathes
et potentiels tueurs en série.
Les Liars clôturent la première soirée du festival. Le groupe qui a vraiment pris leurs marques avec son 3ème album Drum’s not dead.
Le Fort s’est un peu vidé à l’issue du gigantesque concert de Mogwai mais ceux qui sont restés ont eu le plaisir de voir ou de découvrir, peut être, le trio des fous furieux de Liars.
Des fous furieux mais sacrés musiciens inventifs et créatifs qui explorent le son percussif, la voix étant utilisée également comme un instrument.
Deux batteries toutes caisses devant et un front man guitariste chanteur suffisent à électriser la scène.
Car Angus Andrew, Aaron Hemphill et Julian Gross sont des terroristes sonores qui pourfendent la rythmique avec une sauvagerie et une détermination à nulles autres pareilles et nous entraînent dans un univers proche de celui d'Enki Bilal vers une autre ère musicale, celle de la Bunker Palace Music.
Après on aime ou on n'aime pas mais force est de reconnaître l'atyîsme de leur démarche. Pas étonnant que David Sitek, membre de Tv on the radio, ait produit leurs derniers albums.
Des nappes de voix hypnotiques aux vociférations, Angus Andrew explore toutes les limites vocales.
Liars c’est un peu les Tambours du Bronx qui joueraient leur partition à l’envers avec des amplis en court circuit permanent.
Des danses incantatoires aux odes martiales à la guitare, le chant en contrepoint d’un travail essentiellement sur les rythmes percussifs et électroniques, Liars sera sans doute la révélation sonique de ce festival.
Pour ceux dont la curiosité musicale reste en éveil, cette affiche permettait également de découvrir de nouveaux noms.
L'envolée belle
Tout d'abord, les australiens d’Howling Bells qui remplissent leur mission, ouvrir les hostilités de ce vendredi au Fort Saint Père, avec brio et grande classe au terme d'un concert bravache.
Un brin de mysticisme dans l’air et la jupe dans le vent, Juanita Stein confirme tour le bien qu’on pensait de son groupe et ce premier album.
En distillant au passage quelques perles entêtantes au public, de "Wishing house" et ses guitares incisives au "Velvet Girl" qui pourra rappeler aux plus sensibles la pop rongée jusqu’à l’os de Broadcast.
Une accalmie sur "Broken bones" et puis vient la chanson qui tue, qui s’amorce, prend son envol : "The Bell hit" touche les étoiles et tarde à revenir sur terre.
Les questions s’amoncèlent dans mon cortex…
Le beau temps reviendra-t-il sur Saint Malo ? A quand la parution de l’album des Howling Bells en France ? Es-tu mariée Juanita ?
Des ours en Bretagne !
Les new-yorkais de Grizzly Bear, Edward Droste, Daniel Rossen, Chris Taylor et Christopher Bear donneront une bonne raclée à l’auditoire du Palais du Grand Large avec leur pop teintée de rock et de chœurs très "Good Vibrations".
Un bon braquage made in Brooklyn avec deux chanteurs à l’allure improbable, voix angéliques sur "Knife" et frissons dans la foule.
Les fantômes de Crosby Stills & Nash jamais très loin, on déguste la mélodie belle et triste de "Lullabye", l’intervention de la flûte traversière et des instruments en tous genres. De la hi-folk californienne du meilleur effet, la mélancolie et la rage en sus.
Oui ok, les ptits gars de Brooklyn ont un bel avenir devant eux avec Yellow House, leur dernier méfait à paraître en septembre. Attention, ours qui roule n’amasse pas mousse...
Why ? Why not ?
Les californiens de Why? ne cherchent pas à faire comme les autres : bricolages sonores, voix tantôt hip hop tantôt pop et surtout des mélodies juste comme il faut pour accrocher l'oreille de n'importe quel festivalier en ce début de soirée.
Pourquoi se limiter à un instrument quand on peut en jouer 2 ou 3 en même temps ?
Pourquoi embaucher un bassiste quand le guitariste peut en jouer avec le pied en chantant ?
Pourquoi un chanteur ne pourrait pas jouer de la batterie et du clavier ?
On pense à des nouveaux Pavement ou un trio de Beck pour une nouvelle sorte de musique aussi inédite et unique que ce groupe : le hip-pop.
Les anges sont allumés
Avec Islands, pas de pathos.
C’est joie et bordel à tous les étages, pas de répit pour les canadiens qui débutent leur tournée mondiale par ce live à Saint Malo.
Hauts en jambes, goguenards comme seuls les canadiens savent l’être, ça violonne, ça claironne avec ces concurrents directs des Polyphonic Spree dans l’art de contaminer les foules à grands coups d’accords majeurs ; on sent les sourires qui se dressent sur "Don't call me whitney", "Bobby" ou "Humans", ces ritournelles pop qui donnerait envie de vivre au premier dépressif du festival de se pendre de bonheur.
Nick Diamond est un fou possédé, Islands un récif de corail sous LSD.
Vêtus de blanc s’il vous plait. "Nous sommes d’anciens raeliens, Islands c’est un hommage aux cultes de la personnalité" raille Nick le chanteur qui précisiat en interview qu'ils étaient des anges.
Le collectif québécois, à l’unisson, a ce soir recueilli les suffrages. |