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Happy songs for happy people  (rock action / Pias)  janvier 2004

Au tout début on est presque déçu de retrouver un disque dans la lignée de Rock Action ; En effet on garde pour ce dernier disque un respect mitigé qui n'atteint pas la passion pour les premiers albums du groupe. Si certains titres vraiment fabuleux d'alors comme "You don't know Jesus" ou surtout "Two rights make one wrong" valaient à eux seuls de rester fidèle à Mogwai, on n'était pas face à la claque des deux précédents.

La page est donc bien tournée, on est désormais dans une sorte de "Mogwai phase deux", pas calmés pour autant mais moins victimes de leurs influences : le math-rock ciselé disparaît derrière des arrangements plus complexes même dans les parties calmes, une transition plus souple mais donc aussi moins percutante.

Un son moins brut et organique, avec un faux air de production dû sans doute à une utilisation de nappe de vocodeurs et d'électronique toujours en développement, les guitares n'étant plus nécessairement au premier plan pour nous guider mais faisant partie d'un tout qui les dépasse. Après quelques écoutes on est forcé d'accepter cette nouvelle direction entièrement assumée, de découvrir les avancées entreprises et d'y porter une passion renouvelée.

La progression des morceaux sort en effet de l'enchaînement "calme-tempête" qui faisait la marque de fabrique du groupe, pour utiliser des effets de relance plus subtils en privilégiant des mouvements d'ensemble indiscernables plutôt que les riffs martelés. Attention ce n'est pas pour autant un album atmosphérique et ambiant dans la lignée du dernier Tarentel, il ne s'agit pas non plus bien évidemment de joyeuses chansons pour des auditeurs heureux comme pourrait l’insinuer une interprétation littéral du titre du disque.

L’ambiance générale bien qu'abstraite repose sur la frustration, le désenchantement, l'espoir vain et la violence au final comme seule échappatoire, une musique punk-rock sur le fond et les inspirations ("une musique si puissante qu’elle est au-delà de tout contrôle" comme disait Iggy Pop), supportée par une réalisation éthérée, brillante et dense sans être lourde.

La nouvelle dualité de Mogwai repose sans doute sur ce mélange de gravité et de légèreté. Leur musique n'a jamais été aussi évidente et expressionniste, les élans violents et viscéraux cohabitent avec un état contemplatif, n'étant plus juxtaposés mais intimement mêlés au sein des compositions. Le travail sur les mélodies est central et se fait parallèlement à un goût pour le bruit, presque concret, en arrière ou avant plan, un échange et un combat entre ses deux directions dont on ne sait jamais en début de morceau qui va sortir vainqueur du maelström.

Les passages calmes sont contrairement à ce qu'on peut trouver chez Set Fire to Flames extrêmement construits et denses, on n'est pas dans l'improvisation ou le nombrilisme, parfois même assez proche sur certains morceaux d'un Labradford moins minimaliste et précis. La nouvelle écriture plus ouverte laisse plus de liberté à l'auditeur, moins concentré sur des guitares pures, et un même morceau écouté dans différentes situations (d'esprit) peut rendre de manières totalement différentes tant on peut y puiser des sentiments variés.

Plus généralement Mogwai reste distant des influences post-rock connus et continue à évoluer dans son propre univers en mutation, une élaboration de constructions complexes et ambitieuses sans les poses de premier de classe des laborantins de Tortoise mais en allant comme des forcenés à l’assaut de ces cathédrales déchus (Mogwai n’a peur de rien, sauf de Satan…).

Les morceaux sont assez courts, ce qui est à vrai dire extrêmement frustrant aux premières écoutes, et loin des grandes fresques comme "Xmas steps" ou "Ex-cowboy", exception faite du délicieusement violent "Ratts of the Capital", qui commence sur un passage désenchanté - qui n'est pas sans rappeler les univers défrichés par A silver mt. Zion - et évolue ensuite en un élan volontariste prenant et lumineux avant d'infliger un riff martial chaotique et noir qui s'étouffera dans sa vanité après avoir épuisé toutes ses forces. Un nouveau classique qui décrit bien les ambitions et les forces qui habitent le groupe.

Le disque est au final extrêmement homogène (et court ce qui facilite son assimilation facile à défaut d’offrir beaucoup de matériel) et invite à un parcours vivant marqué par les morceaux les plus dynamiques qui sortent de l'atmosphère générale. On est au final moins chahuté que dans les premiers albums par l'enchaînement des titres, la violence circule voilée pour mieux nous surprendre sans nous abrutir.

Ainsi sur des titres comme "Killing all the flies" les cassures apparaissent en arrière plan avec beaucoup de justesse et sont d'une efficacité redoutable dans un crescendo incroyablement maîtrisé et ouvert vers l'absolu et l'abandon : on est alors forcé d'imaginer ce que ces nouveaux morceaux peuvent donner sur scène. Cet effort virtuel de se replacer dans ces conditions multiplie les effets du disque.

Car à l’instar de GY!BE ou de Explosions in the sky, c'est avant tout en live que le groupe prend toute son ampleur et trouve sa légitimité de groupe culte. On attend alors avec appréhension de rencontrer ces nouveaux titres en concerts et de découvrir comment ils se fondent dans l'ancien répertoire du groupe sous un déluge sonique enthousiasmant. Ce qui est sûr, c'est que Mogwai continue de rouler de l’avant sur ses propres rails, à nous étonner tout en nous prenant encore aux tripes. Ne les ratez pas en concert !

« If someone said that Mogwai are the stars I would not object.
If the stars had a sound, it would sound like this. »

 

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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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