C’est avec la parution en 2004 de Burned Mind que Wolf Eyes explose à la face du monde. Une fois sorti de son trou de Détroit, le trio ne fait pas de demi-mesures : articles dithyrambiques dans Wire, programmation régulière au cultissime festival All Tomorrow’s Parties, éloges intarissables en provenance de poids lourds du milieu (Thurston Moore en tête) …
Apparue en 1996 suite à la rencontre entre Nate Young et Aaron Dilloway (bidouilleurs invétérés de son noisy de leur état), la première incarnation de Wolf Eyes végète quelques années, abreuvant l’underground local de cassettes, CD-R et autres split-albums des plus bruitistes.
En 2000, la formation trouve son line-up définitif en recrutant John Olson (lui aussi bidouilleur invétéré de son noisy de son état). Il faudra cependant encore attendre quatre années et pléthore de projets solo pour le groupe sorte son premier véritable album (le sus-cité Burned Mind) et atteigne la renommée qu’on lui connaît. Très bien … merci pour les présentations, mais musicalement à quoi ça ressemble ?
Wolf Eyes fait du noise, en gros du bruit et seulement du bruit créé à partir d’appareils électroniques ou d’instruments (de musique ou autres). Des voix parfois aussi. Niveau influences, le groupe a dû longuement user les galettes de Throbbing Gristle ou de ces dingos hardcore de Negative Approach.
Associable au possible sur disque, c’est sur scène que la musique de Wolf Eyes prend toute son ampleur. Et ce ne sont pas les spectateurs du défunt festival Feedback l’an passé ou du Point Ephémère cette année qui diront le contraire tant cette vicieuse application à torturer les instruments et la rage déployée impressionnaient.
De retour en studio, Aaron Dilloway laisse sa place à un vieux compagnon de route et transfuge du combo Hair Police (Mike Connelly) mais prête tout de même main forte pour le mixage de ce nouvel album.
Dès la première écoute, Human Animal s’avère comme leur production la plus aboutie à ce jour, alignant trente trois minutes de bruit d’un niveau uniquement atteint auparavant sur des certaines pièces. S’égrenant en huit symphonies parcourues d’une tension extrême, parfois à la limite de l’audible ou de la cacophonie, Human Animal est bâti sur une lente et sinueuse accélération avant que l’assaut final ne soit donné avec "Noise Not Music", souvent utilisée en clôture de concert.
Une belle réussite, difficile cependant à écouter en boucle et surtout à ne pas mettre entre toutes les oreilles ...
Comme il était hautement prévisible, Wolf Eyes sera une des principales têtes d’affiche du prochain ATP (Nightmare Before Christmas) en décembre, où la programmation est réalisée par un certain … Thurston Moore.
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