"Il pleut sur Bruxelles" chante Stéphane Daubersy sur l’étonnant "Mireille", l’une des perles du récif que constitue ce premier album tonitruant de Mièle. A Paris aussi il pleut, mais Mièle s’en fout. Mièle à l’à l’avenir devant lui et la Belgique en écusson.
"Nous sommes juste, au juste quoi" chante Catherine De Biasio sur le martial "Nous sommes". Un autre sommet du plat pays. Nous, nous sommes juste l’auditeur un peu fébrile, unis comme un seul homme pour écouter le duo binôme déclamer ses grandes vérités sonores.
Les Belges nous livrent ici et en exclu quelques ficelles de l’album, sorte de T-shirt aux milles étiquettes. Lavable à la main.
Toute cette scène Belge semble seulement se révéler maintenant aux médias français, alors qu’elle est présente depuis plus de dix ans. Comment expliquez vous ce "malentendu", au sens littéral ?
Catherine De Biasio : Je pense que c'est surtout dû au fait que les structures belges (labels, distributeurs, tourneurs, etc.) se sont professionnalisées par rapport à il y dix ans, ou du moins, ont étendu leurs contacts, notamment vers la France. Et elles ont surtout aujourd'hui beaucoup moins le complexe "petit belge" qu'auparavant. Ce qui a pour conséquence que de plus en plus de groupes belges sont signés et sortent des disques en Belgique, puis à l'étranger.
Comment est venu ce choix des compositions sans compromis, avec des titres résolument rock rentre-dedans ("Vois tu", "Les chiffres rouges") et ces ballades intimistes ? Quelles sont les préférences de chacun ?
Catherine De Biasio : C'est un choix tout à fait revendiqué. On n'a pas de préférences en fait. Mièle a débuté par un duo, avec des chansons très douces et innocentes. Par la suite, avec la venue d'autres musiciens, le son a grossi et on a évolué vers des choses plus "rentre-dedans"... Ca reflète aussi nos influences, je crois. Et puis, je pense qu'on ne doit pas choisir, c'est très humain finalement. On a tous en nous un côté calme, mélancolique, rêveur, et puis un autre côté plus dur, plus noir...
L’addition de Gregory Remy (Ghinzu) aux guitares sur l’enregistrement studio a-t-elle été bénéfique au groupe sur les parties musclées de l’album ?
Catherine De Biasio : Pas uniquement. Greg a participé à tous les morceaux, et apporte sa sensibilité aussi bien sur un morceaux comme "nous sommes au juste" que "les méfaits".
Ne craignez vous pas que les journalistes se focalisent
sur la participation de Gregory au projet Miele, alors qu’il n’est qu’un membre du collectif ? (Cette question en est encore la preuve…)
Catherine De Biasio : Non, pas du tout...(On imagine le clin d’œil de l’artiste au journaliste et ses questions à la con)
Le choix du français dans le texte, contrairement à la majorité des groupes Belges, c’est un choix, celui de raconter de vraies histoires compréhensibles par tous, ou la volonté de se démarquer des autres groupes Belges (Major Deluxe, Ozark Henry, etc..) ?
Catherine De Biasio : En fait, Stéphane et moi parlons plutôt mal anglais et on se voit mal faire semblant de raconter un histoire dans une langue qu'on maîtrise mal. Même si j'aimerais composer une chanson en anglais un jour, mais alors plus comme un jeu. Personnellement, j'ai toujours écrit des histoires en français, avant d'écrire des chansons.
Des références françaises en la matière ? Puisque votre bio fait référence à Gainsbourg, notamment….A-t-il été une influence marquante ? Je pense la à "L’homme à tête de chou" notamment ?
Catherine De Biasio : Evidemment, Gainsbourg reste une grande référence... Les textes, la musique, les arrangements, tout est beau et soigné. On aimerait tendre vers une telle perfection. Mais il y a encore du chemin!
Pourquoi un si long laps de temps entre la formation du groupe, 98, et la sortie de ce premier album ? Le besoin de mûrir les chansons ?
Catherine De Biasio : En 98, tout le monde était encore aux études. On a donc commencé par terminer cela... Et nous avons tout produit nous-mêmes, ce qui inclut beaucoup de préparation, et énormément de temps (deux ans) pour réaliser l'album, sans direction artistique extérieure. Sans pressions non plus.
Qui a assuré la réa’ du clip Les chiffres rouges, excellent au passage… (visible sur les Inrocks.com ou www.myspace.com/legroupemiele) ?
Catherine De Biasio : Merci! Thomas Doneux, un ami réalisateur. Il a fait un boulot fantastique!
Peut-on définir Miele comme un collectif à géométrie variable, avec des collaborations diverses et ponctuelles ? Stéphane et Catherine sont-ils la colonne vertébrale du projet ? Comment se passe la cohabitation entre vos deux sensibilités ?
Catherine De Biasio : Je dirais qu'aujourd'hui, on a un noyau dur de trois personnes, avec moi, Stéphane et Franck. D'autres personnes jouent avec nous régulièrement, même si en live aujourd’hui, on tourne à trois. On fonctionne de manière démocratique, tant en ce qui concerne les compositions que les décisions inhérentes au fonctionnement d'un groupe. Ce qui est parfois assez compliqué...
Pour finir, de notre point de vue de français coincé entre l’Angleterre et la Belgique, le rock Belge sonne singulièrement différent ? Connaissez vous les ingrédients de cette recette miracle ?!
Catherine De Biasio : Franchement... non!
Contents de jouer au Triptyque ? Comment sonne Miele en Live, électrique ou intimiste ?
Catherine De Biasio : Plutôt électrique, je dirais! On est très contents, c'est la première fois qu'on vient jouer à Paris!
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