Les paradis disponibles, 4ème album d’Aldebert, jeune auteur, compositeur, interprète qui creuse son sillon, avec constance, suivi par un public fidèle et croissant, album en double teinte et aux multiples couleurs musicales, distillent autant des chansons accortes aux refrains entraînants que des chansons nostalgiques propices aux émotions.
Un peu chanteur, un peu chansonnier, un peu rêveur, Aldebert aime toujours raconter de petites histoires en jouant avec les mots et les sonorités et tracer des portraits savoureux. Mais l’adulescent a grandi et il en a fini avec les questions nombrilistes de la jeunesse. Il aborde des sujets plus réflexifs ("C'est comment là haut ?" où le paradis est décrit comme une "chambre avec vue où les anges sont des marmots joufflus moitié pigeons" et "L’homme songe" à la recherche de ses ancêtres).
Le regard jeté en arrière s’attache davantage aux autres l’histoire d’un "petit vieux qui gagne en souvenir ce qu’il perd en mémoire" ("A petit feu", de la tante callipyge de "L’album de famille" ou de "Mon père ce héros" dont "les tâches de rousseur que je portais gamin se dessinent en douceur aujourd’hui sur tes mains, tout doucement la vie s’avance évidemment quelque soit les distances c’est à toi que je pense mon père ce héros le moral à Zorro »).
Car le temps est venu de feuillete "L’album de photo" qui retrace "une vie en images à figer le temps avant que le temps nous fige pour continuer l’album".
Et puis l’amour, autre thématique récurrente, et oui toujours l’amour, et tous les plaisirs amoureux sont explorés de "L'inventaire" ou tout tout tout vous saurez tout tout …. sur le baiser à la rupture ("La lettre") en passant par "La première fois" où on croque la pomme.
Côté musique, délaissant un peu l’accordéon pour la guitare, il opte pour une orchestration légère imprimant un vrai virage pop, une pop légère et dansante qui parfois n’hésite pas à se mâtiner de rock et s’essaie à des colorations différentes du jazz manouche ("L’inventaire") au world ("L’homme songe") en passant par le piano bar ragtime ("Des chatons dans un panier").
L’album s’ouvre avec "L'appétit du bonheur", choix judicieux qui caractérise sa préhension de la vie, il veut sa part du gâteau "sans quignon ni miettes" et surtout "pas de régime sans elle", et c’est dans "Des chatons dans un panier") qu’il nous livre sa profession de foi déclinées en deux commandements ("rechercher Byzance la félicité suprême impossible imagerie d’aisance il nous reste des paradis disponibles vivre chaque seconde comme si c’était la première" et "le bonheur c’est d’arriver à désirer ce qu’on a déjà".
Alors bien sûr on évoquera Brassens, Brel, Souchon, Renaud, Alexis HK et Bénabar. Mais Aldebert ne fait pas secret de ses influences assumées et il n’en demeure pas moins que ses chansons sont bien boutiquées, "des mots qui lavent à l’intérieur telle une enzyme chassant le spleen quand rien ne va que tout est moche c’est à sa voix que l’on s’accroche" ("Les bulles de savon"), et appellent assurément l’empathie.
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