Diva déjantée de la chanson française, Brigitte Fontaine change de look pour chaque album. Reine des Kékés au crâne rasé pour Kékéland, manguette à couettes pour Saint Louis en l’Ile, elle nous revient aujourd’hui en Louise Brooks new fetish pour son 16ème opus, Libido.
Look différent mais Brigitte Fontaine reste la même, celle qui aime toujours autant se faire plaisir en musiques et en mots et elle présente son petit dernier comme un disque "barock and roll" pour une ode à la jouissance et à la vie.
Album en noir et rose bonbon, sa couleur fétiche, livret-BD pour une héroïne fantasmatique, Brigitte Fontaine signe tous les textes, d'une plume féconde trempée dans le miel comme le sperme, le sang comme la barbe à papa, qui sont toujours mis en musique par son fidèle compagnon Areski Belkacem et deux guests Jean-Claude Vannier et -M- pour 3 titres.
Elle se fait plaisir avec la sonorité des mots pour une écriture surréaliste entre Dieu et Eros qui trouve son apogée dès le morceau d’ouverture mozartien "Château intérieur" pour un voyage dans son jardin des délices intimes, de la chambre d’amour à la chambre aux tortures, dans lesquelles les tapis s’immolent au satin des souliers, les chandeliers pleurent sur les ventres polis et le foutre et la sueur baignent la soie des draps.
L'album se clôt avec le très beau "Noces", sorte de menuet faustien pour célébrer la liberté retrouvée avec l'ardeur de l'enfer dans le paradis.
Entre temps, satire et et érotisme se partagent les pistes. Elle fustige les hippies ("Les babas"), les curetons qui lui inspire un érotisme lunaire et sadien ("Cul béni") et la nourriture carnée ("La viande"), loue les amours saphiques ("Elvire"), prône les vertus de la fessée érotique pour les messalines encore à la blédine ("Barbe à papa") et se laisse envahir par la vertu poétique ("La nacre et le porphyre").
Brigitte Fontaine est-elle cette "ex reine du sabbat, déchue sur son grabat, esclave en désarroi, prophète sur sa croix" de "Ex paradis" ? La réponse dans le prochain album ? |