Le 30 janvier 1958, à 21 ans, Yves Saint Laurent présente sa première collection chez Dior et devient le plus jeune couturier du monde. Suivront 40 ans de création, de scandales et de succès.
Le 7 janvier 2002, il annonce son départ et créé avec Pierre Bergé la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent qui possède 5.000 vêtements et plus de 15.000 accessoires, dessins, patrons et autres documents sur la carrière d’Yves Saint Laurent qui sont présentés au public à l’occasion d’expositions thématiques.
L’exposition "Voyages Extraordinaires" propose, à travers quelques étapes, de l’Espagne à la Chine, en passant par l’Afrique, les Indes, la Russie et le Japon, et un retour aux sources marocaines, de parcourir l'imaginaire du couturier.
Elle invite à la contemplation de quelques modèles de des collections haute couture marquées par son attrait pour l’exotisme de celui que Pierre Bergé qualifie de "voyageur immobile".
Couturier du noir profond, dense, mystérieux, intemporel et couturier de la lumière, il fait claquer les couleurs, ose les appariements inédits, compose chaque toilette comme un tableau jusqu’au moindre détail.
Dans une scénographie élégante faisant la part belle aux jeux d’ombres et de lumières qui valorise le chatoiement des couleurs, la pureté des lignes et la richesse des matières, le voyage commence en Afrique avec des mannequins bleus, comme les femmes bleues du désert ou les femmes peuls enluminées de tenues qui explorent toute la gamme des jaunes et or.
A côté de la femme blanche en saharienne, autre innovation d’Yves Saint Laurent en 1968 après le smoking pour femme créé en 1966, les mannequins se parent de plumes d’oiseaux de paradis, de mousseline léopardisée.
Les matériaux ethniques tels les coquillages, les perles, le raphia acquièrent des lettres de noblesse dans des macramés luxueux, ode exubérante à l’animalité de la femme et sa communion avec la nature.

Le mystère des drapés Saint Laurent se retrouve aussi bien dans les épures d’hidjabs marocains que dans les saris et les kimonos de mousseline fleurie.
Matières aériennes, voire transparentes, pour envelopper le corps de la femme dontil disait : "Rien n'est plus beau qu'un corps nu. Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais, pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là."
Trilogie colorée, le noir, le magenta et l’or, pour l’inspiration ibérique et une thématique passionnée.
La toréador a féminisé son habit de lumière d'un jabot rose à volants et sa muleta a volé sur les épaules d’une femme fleur en fourreau de velours noir.

La fleur rose est tombée en pluies la robe rebrodée sur Carmen à de fleurs comme les bougainvillées ont revêtu la cape marocaine.
Les tenues traditionnelles russes ruissellent de taffetas et velours et les broderies naïves se transforment se déclinent en arabesques rutilantes.

De même qu'il invente le smoking pour la femme en 1966, il transpose au féminin les sherwanis, vestes traditionnelles indiennes, en boléros et vestes courtes rebrodés à profusion pour une maharanee moderne.
L’exposition se clôt sur la Chine et le Japon qui en constitue un peu le point d’orgue avec la magnificence notamment des vestes courtes rebrodées, gansées, agrémentées de passementerie d’un raffinement exquis.

Les longs manteaux qu'il soit coloré en anis et mauve ou noir chamarré s'inspirent des traditionnels manteaux de cérémonie des mandarins.

Une exposition pour le plaisir des yeux et des rêves. Un bref et merveilleux voyage hors du temps avec un des couturiers les plus inspirés du 20 ème siècle et jamais égalé. |