Avec "Ceux qui vont mourir te saluent", Fred Vargas quitte son cher bitume parisien pour battre le pavé romain à la poursuite d’une sombre histoire de dessins volés. Par n’importe lesquels ceux de Michel Ange détenus par la Bibliothèque Vaticane. On se croirait chez Ian Pears mais le trafic d’œuvres d’art n’est qu’un leurre pour explorer les liens labyrinthiques qui unissent une famille de cœur qui ne connaît que ses propres règles et suit sa propre morale.
Tout irait pour le mieux dans le pire des mondes si un curieux, l’étranger, celui qui est toujours resté, ou que l’on a soigneusement laissé, en dehors de cette tribu, ne venait tremper un doigt dans ces eaux troubles. Et comme la curiosité est toujours punie…
Cette tribu c’est d’abord un triumvirat impérial, trois jeunes étudiants affublés du nom d’empereurs romains et liés par un étrange pacte autour du fils de famille. Surnommé comme le fameux empereur Claude, empereur qui avait été salué par les gladiateurs par la phrase célèbre qui donne son titre au roman.
Private joke ou défi à la condition humaine ? Une trinité sous la haute protection d’un chanoine qui chapeaute aussi la fille naturelle de la belle mère de l’un d’entre eux qui est son amie d’enfance. Quand on sait que le mort est le mari de celle ci on perçoit immédiatement l’imbroglio qui se profile.
Et quand à la police italienne qui mène l’enquête officielle, vient s’adjoindre un enquêteur officieux qui se trouve avoir été l’amant de ladite dame, dame au centre de l’intrigue qui à le profil ténébreux des héroïnes de roman noir des années 40, on se dit que vraiment le monde est petit et qu’on va jouer aux chaises musicales !
Cet enquêteur au nom de personnage à la Chandler, Richard Valence est le contraire du commissaire Adamsberg, héros récurrent de Vargas. Bel homme, vif, pressé tout en ne pratiquant cependant pas la course à pied mais la méditation immobile, il a tôt fait de tout mettre à plat. Mais ce n’est qu’un de ces faux dénouements qu’affectionne Fred Vargas. Et oui, bien sûr puisque de toute façon on se situe à la moitié du roman, presque pile poil à la page près ! Il va falloir recommencer une fois encore le puzzle.
Et c’est toujours avec plaisir que le lecteur reprend son bâton de pèlerin pour se délecter des pérégrinations vargassiennes.
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