Samedi 10 février, derniers instants d’une semaine consacrée au blues sous toutes ses formes dans le cadre du Festival des Nuits de l’Alligator.
Et les organisateurs de proposer, histoire de clore les débats en beauté, une affiche hétéroclite et totalement dingue : Josh Pearson, Don Cavalli et Toumast. "This is the story of three Texas boys busy minding their own bidnis …".
Six ans après les faits, toute personne normalement constituée reste encore gravement marquée par l’apparition de Lift To Experience. Et par sa triste et brutale disparition l’année suivante.
Restent en pagaille des souvenirs de concerts bruitistes à réveiller quinze générations de coyotes ainsi qu’un époustouflant premier album : The Texas-Jerusalem Crossroads ... Inutile de se lamenter sur le passé … Désormais établi à Berlin, le frontman du groupe, ouvrait ce soir après un passage remarqué à Mains d’Oeuvres en septembre dernier.
Physiquement, Josh Pearson a subi une véritable métamorphose. Ses joues creusées, son immense barbe et sa filiforme silhouette de chaman lui donnent désormais de faux airs d’un Jim Morrison en bout de course. Seuls de profonds yeux bleus rappellent encore son jeune âge.
Affublé d’une guitare sèche, le charismatique Josh proposera, l’espace d’une poignée de longs morceaux, un folk quasi mystique. A faire saigner les oreilles tant le volume est élevé. Quelques dizaines de spectateurs effrayés quitteront d’ailleurs les lieux dès les premiers accords.
Place ensuite aux français de Don Cavalli.
Quatuor deux guitares-basse-batterie. La transition entre les expérimentations de l’ex-Lift to Experience et cette formation de blues à l’ancienne s’avère extrêmement brutale.
D’un côté, une prestation forte, intense, prenant véritablement aux tripes. De l’autre, un blues du delta brut de décoffrage vénéré par le Fleetwood Mac des débuts ou les Bluesbreakers à l’époque du Blues Boom.
Carré, propre, admirablement exécuté … Mais trop souvent prévisible ...
Arrivent enfin les franco-africains de Toumast, histoire de combler les spectateurs en mal de sensations fortes.
"Blues touareg" pouvait-on lire dans le descriptif.
Et Toumast de jeter un pont entre rock et musique traditionnelle africaine rejoignant ainsi la démarche de Konono N°1 mais surtout les explorations de The Ex sur leurs albums récents.
Parfaite illustration visuelle avec ces Les Paul portées sur des costumes africains.
Atypiques, les morceaux de Toumast sont construits par l’ajout d’une rythmique répétitive sur un tapis de percutions hypnotiques, tout droit sorties des premiers albums de Santana. Sur lesquelles viennent se déposer fulgurances guitaristiques et chant incantatoire.
Passablement dérouté au départ, le public finit par s’abandonner totalement, dansant, virevoltant, parfois en transe face au groupe. Faisant du même coup voler en éclat un couvre feu initialement fixé à 22h15.
Une franche réussite ! |