Comédie dramatique écrite et mise en scène par Carole Thibaut avec Marylin Even, Maxime Leroux, Karen Ramage et Charly Totterwitz.
Il y a le père, la mère, la gamine…et le Saint Esprit peut-être. Mais une trinité diabolique et perverse qui, à travers la vision et le ressenti d’une enfant, est terrifiante.
Le symbole du pain partagé à la table familiale se transmute en enjeu du pouvoir dans l’oppression au quotidien dans sa déclinaison la plus sensible celle de l’enfant. Car la famille est un milieu pathogène par excellence.
L’enfance n’est pas un long fleuve tranquille et, entre un père tyran domestique (Maxime Leroux parfait dans l’obséquiosité bête) et une mère activiste de la transmission des codes sociaux oppressifs et de l’ambivalence (Maryline Even remarquable dans la niaiserie dangereuse), le dressage de la gamine pétrie de componction (Karen Ramage réellement habitée) passe par les coups mais aussi par la violence verbale lobotimisante. D'amour, de marques d'affection, de signes de reconnaissance, point. Et puis sans espoir puisque l'avenir est déjà tracé avec la parfaite réplique du père appelé à un brillant avenir (Charly Totterwitz juste dans le sadisme de bonne foi).
Dans "Avec le couteau le pain", nourrie d’une indispensable colère face à la négation de l'identité de l'autre et à la prise en otage machiste des femmes, l’écriture de Carole Thibaut, qui s’appuie sur une litanie de poncifs universels et intemporels érigés en sentences pédagogiques, a la sobriété et l’efficacité d’un scalpel qui dissèque le mécanisme de l'oppression sans complaisance pour dénoncer "la violence érigée en système de valeurs".
La mise en scène et la scénographie, très originale, entre burlesque et fantasmagorie, restituent de manière très prégnante l’univers animiste de l’enfance, prisme par lequel passe cette satire douloureuse mais totalement indispensable et réussie.
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