L’important n’est pas de savoir comment accueillir ce disque, mais plutôt comment arriver à vivre encore après.
Car si les Soulsavers, auteur d’un premier album passé sous quasi-silence (Tough Guys Don’t Dance en 2003) se sont déjà taillés une bonne réputation, il faut bien avouer que c’est la présence de Mark Lanegan qui fait ici l’unanimité, augurant le gospel de la nouvelle ère.
Car si le premier album des Soulsavers était marqué par l’apaisement et la douceur, autant dire que le grain rocailleux de l’ex-Screaming Trees confère à ce nouvel album une énergie folle, une abdication réelle dans le péché et la rédemption ; dans cet ordre exactement. Il est ici question d’âme en peine, de Soul et d’orgues qui pleurent.
En plaçant l’indépassable "Revival" en ouverture d’album, The Soulsavers ont la prétention de proposer encore mieux après. Mais comment faire, lorsque Revival s’avère être la chanson la plus triste, et donc la plus belle, entendue depuis plusieurs paires d’années ?!
Indéniablement, Mark Lanegan est ici plus dans son élément qu’avec Isabell Campbell. Le fantôme de Johnny Cash plane, au dessus de la pièce, coincé entre l’orgue religieux et la batterie énigmatique de "Ghosts of you & me", qui débute alors que "Revival" est encore dans toutes les têtes, comme un fondu au noir entre deux images traumatisantes. Et vient cette orgie sonore, cette batterie comme une cavalcade forcenée, à la limite de la Drum&Bass, pour un gospel blues.
Oui, évidemment. Lanegan est parfait sur ce registre. Le pathos, c’est un peu son fond de commerce.
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