Où l’on choit, ce qui dans cette vie nous échoit ; ce que l’on a choisi, comme on change, s’aime, s’arme, s’aime plus, moins ; que l’on danse, se regarde, s’espère, se sépare ; comme on espère qu’un jour les jours nous souriront ; comme on se manque, se perd, s’égare, éplorés ; en silence, comme on chute - tout cela en anglais. Voilà ce que l’on trouvera dans Where we fall, le premier EP de Kami ; autant dire le meilleur d’un rock-pop mélancolico-saturé descendu de Radiohead, Jeff Buckley, Chokebore & Interpol.
Le temps de cinq titres, belle vingtaine de minutes de démonstration, le quatuor français agite avec énergie et talent ses guitares, son clavier (discret et efficace, bien joué !), sa basse + batterie et chante, chante, chante, l’amour-la vie-l’amer, quelques décibels trop forts, comme il sied. Production impeccable pour de jolis frissons au son d’aujourd’hui et aux langueurs d’adolescence jamais vraiment finie, si doucettement cruelle, si belle mélancolie.
Même lorsqu’ils se parent de leurs atours les plus pop, les morceaux de Kami sont traversés d’une belle tension - toujours sur le fil de leur propre face obscure. Intenses et mélodieuses, parfois rageuses ou aériennes, un instant fragiles, tout à tour belles de lucidité, de pessimisme, d’espoir, de renoncement ou de colère, les compositions savent jouer et se jouer d’une gamme variée d’émotions - avec dans la bouche l’arrière-goût d’amertume de ce que l’on ne se résigne pas à avaler. A ce jeu-là, "Everything is changing", le dernier titre, place la barre très haut, malgré une version studio plus concise et timide que les interprétations bluffantes que l’on a pu avoir l’occasion de découvrir sur scène.
On regrettera certainement, format concis oblige, l’absence de titres essentiels au répertoire de scène de la formation, comme "The heart is a lonely hunter". Mais on y trouvera surtout une excellente raison d’attendre avec impatience un nouvel EP - voire, pourquoi pas, un album entier ? Un groupe à découvrir et à suivre, de près |