Mardi 17 avril 2007 : ouverture du Printemps.
Premier jour avec un démarrage en douceur et deux soirées seulement. Nous rencontrons Juliette Gréco, l’immense et émouvante dame, qui se produira demain, dans son "tour de chant" comme elle le précise.
Au Palais d’Auron, il revenait à Nosfell et Gotan Project d’ouvrir le festival. Deux univers plutôt différents…
Devant une salle bien remplie, le phénomène Nosfell débarque…et ne conquiert pas forcément tout le monde. C’est en effet la difficulté d’une première partie, surtout pour un homme si décalé, si original.
Ce que Labyala Nosfell et son contrebassiste Pierre Le Bourgeois nous offrent à voir et à entendre est déroutant. Des textes en klokobetz (une langue totalement inventée), un corps sinueux et tatoué, des voix hallucinantes, des beat box, une histoire de roi et de vengeance entre celtique et fantastique, bref tout un univers !
Et si l’on prend la peine d’y entrer, on découvre une expérience musicale surprenante. Nosfell, chanteur, danseur, animal, maîtrise totalement son corps et sa voix, et le fait que, depuis ses débuts, il ait su s’accompagner de ce musicien (qui chante aussi), et qu’il explique en français ses chansons, rend le spectacle d’autant plus fort. Les mélodies, tantôt lancinantes, tantôt rythmées (avec l’intervention d’un batteur également), nous transporte vers d’autres mondes imaginaires.
Le tango électro des Gotan Project a ravi le public. Les voix et les instruments, manipulés par des ordinateurs, livrent un son latino électrique envoûtant. Le côté froid de l’électro est comblé par les nombreux musiciens sur scène : violoncellistes, accordéonistes…
Puis, c’était "rock’nroll" au 22, il y en avait pour tous les goûts ! Un public très jeune, pour une soirée très attendue, ce qui témoigne du renouveau du rock, par et pour les jeunes (et tous les autres !). Seule ombre au tableau, les Stuck in The Sound ont été obligés d’annuler leur concert, bloqués à New York par la neige.
Les Parisiens de Nelson débutent le show. Un rock punk très performant, quoique peut-être un peu timide… Très contents d’être à Bourges, et très bien accueillis par le public, les quatre musiciens tout de noir vêtus ont pris du bon temps.
Pravda, de l’autre côté de la salle, c’est-à-dire au 22 est (ironique pour un groupe dont l’album s’intitule A l’Ouest), déchaîne la foule. Ils se définissent comme "punk électro rock , et provocateurs". La chanteuse, Sue, comme à son habitude, est vêtue de bandes de scotch noir, arrachées par un public en folie. Leur rock déjanté fait bouger les têtes et les corps, et augmente un peu plus la température de la salle…
Retour à l’Ouest, avec la Lyonnaise Nadj, et son métal rageur et doux à la fois. Son apparence de blondinette fragile est trompeuse, sa voix est puissante, sa musique sans concessions, et plutôt personnelle, ce qui a un peu refroidi le public.
Un tout autre genre, beaucoup plus festif, avec les Just Jack. Influencés par le hip hop, le funk, la disco, ils mélangent tout ça et forment un ensemble frais, joyeux, dansant. Les chanteurs rappent sur un fond de disco, enchainé par un son rock, des guitares…
The Automatic, venus du Pays de Galle, déploient une énergie digne d’un spectacle de 10000 personnes, ce qui a fait exploser le 22, son public et son atmosphère (chaude !!). On ne peut pas s’empêcher de penser aux Franz Ferdinand, mais avec un rock plus hargneux, totalement surexcité ! Ils sont trois à chanter, et leurs voix se complètent vraiment. Ils apportent aussi l’originalité, par exemple en accompagnant un morceau endiablé à la flûte traversière !
Les Suédois nous surprendront toujours ! Peter Bjorn and John balaient d’un trait deux générations de pop rock. Ils peuvent aller d’une pop quasi mièvre à des morceaux très underground. Pour ceux qui sont restés jusqu’au final, on a assisté à quelque chose d’assez dément, très noisy. Avec leur look très classieux, ces trois Nordiques sortent du lot, nous étonnent et nous ravissent.
Un premier jour riche en mélange, de genres et de styles, comme l’affectionne le Printemps de Bourges ! |