Le Printemps continue, ce soir, le Phénix ouvre ses portes. Et ce mercredi est placé sous le signe du mélange des genres et des générations : du hip hop au classique, de la chanson française à la chanson world…
Dans l’après-midi, au petit théâtre St Bonnet, Katel, seule avec sa guitare a scotché le public de chanceux qui découvrait ce lieu magique.
C’est Jeanne Cherhal, qui remplaçait Ridan, qui a ouvert le bal. Découverte en 2001 à Bourges, elle revient cette année, troquant ses longues nattes contre une coupe à la garçonne. Un concert aquatique, de sa tenue aux textes de ses chansons. Elle passe du piano à la guitare électrique, de la ballade au rock blues. Ses textes sont parfois surprenants, comme celui où elle évoque son enfance : "La Station d’épuration", mais aussi féministes, comme lorsqu’elle décrit la "libération" d’une femme voilée. Le public du Phénix, clairsemé au début, et un peu froid, a su se laisser entrainer par la jeune femme dynamique. Il en reste que l’on préfère ses solos doux de piano plutôt que ses envolées lyrico blues…
La silhouette noire, filiforme de Mano Solo apparait, le chapeau vissé sur la tête, acclamé par le public. Sur scène, un accordéon, une guitare, une batterie et son berger allemand ( !). Le timbre de voix si spécifique de Mano Solo, mêlé aux accents gitans et tziganes a suscité une vive émotion dans la salle… Ses textes, entre désespoir et combativité, nous captivent, nous transportent… Un univers triste, mélancolique, mais toujours teinté du courage et de la rage de vivre de Mano Solo.
Puis, changement total, Adamo arrive en vedette. Il commence fort avec deux de ses tubes, pour rassembler les esprits, du plus jeune au plus vieux. Un mélange de générations touchant, tout le monde se prend au jeu. Lui qui n’est pas un habitué du Printemps, a su se jouer de ce public hétérogène, de cette salle pas évidente à combler. Challenge réussi pour ce représentant de l’âge tendre.
Puis Sanseverino clôture la soirée, avec un très long set, plebiscité par les plus jeunes.
Au Palais d’Auron, pendant ce temps, la soirée et la rencontre tant attendue (surtout par les journalistes) d’Abd Al Malik et Juliette Gréco. Le vainqueur du Prix Constantin slamme et rappe avec des musiciens de jazz, tout en déversant ses pensées philosophiques sur le racisme, la cité, la prison. Le public l’applaudit très fort, se lève pour le final. En ce temps de période électorale, ses mots sont puissants… Une émotion partagée par tous.
Puis, la grande dame noire, telle une chauve-souris immobile déployant ses ailes, subjugue et enivre par ses interprétations toujours habitées. Elle cite toujours l’auteur de la chanson (de Ferré à Gainsbourg, en passant par Gérard Jouhannest), elle qui se revendique en tant qu’"interprète". Le public se lève régulièrement pour acclamer Mme Gréco, entre autres après la chanson "J’arrive" de Brel et le duo sur "Etre né quelque part" avec Abd Al Malik, saisissant. La rencontre a fonctionné, deux âges qui se croisent pour notre plus grand plaisir. L’impressionnante Juliette ose même un coquin "Déshabillez-moi…
A la Maison de la Culture, nous filons voir le groupe Touareg Tinariwen, dont nous avons rencontré le bassiste. Les guitares électriques mêlées aux percussions, aux voix masculines et féminine, donnent soudain envie de se lever et de danser sur ces rythmes du désert. Leur son est plus qu’unique, leur histoire tellement puissante… Le tamashek (langue touareg) croise les influences blues, et tous les membres de Tinariwen emmènent le public dans ce pays sans frontières qu’est le désert…
Une journée riche en émotions, à la croisée des genres, des frontières et des âges… |