Tragédie de Nathalie Détrois, mise en scène de Philippe Brigaud avec Pierre Deny et Stéphanie Lanier.
La quarantaine séduisante, Alexandre Fardel savoure sa toute récente accession à la députation après remporté les élections législatives, dès sa première candidature, alors même qu'il n'est pas issu du sérail.
Mais cette satisfaction légitime sera de courte durée, et la désillusion brutale, quand sa conseillère en communication, qui est aussi sa maîtresse, la très séduisante Sophie Schulmeister-Karolus, lui révèle que son succès ne résulte pas du seul jeu de la démocratie mais d'une brillante entreprise de manipulation généralisée dont il convient maintenant de payer le prix.
Dès lors, le drame est noué et cette comédie dramatique contemporaine se déroule selon les plus pures règles d'une tragédie classique en prose: manipulation, lutte du vice et de la vertu, sens du devoir, jeu de pouvoir et de séduction, conflit du cœur et de la raison.
Pour sa première expérience d’écriture théâtrale Nathalie Detrois réussit un sans faute avec cette comédie dramatique contemporaine basée sur le triumvirat imparable, argent, sexe et pouvoir qui donne une belle leçon d’anatomie de la manipulation tous terrains dans laquelle sont subtilement injectés humour et sentiments.
Une intrigue aboutie, et d’actualité, une écriture maîtrisée, des dialogues percutants et des personnages totalement crédibles pour un huis clos qui fonctionne en vases communicants, de la victoire à la défaite et vice-versa, servis par la mise en scène, si l'on peut dire, "au taquet", de Philippe Brigaud, d'une sobriété et d'une efficacité exemplaires et de très bons comédiens.
Pierre Deny est parfait dans le rôle de l’honnête homme devant lequel s'écroulent le monde et son avenir et s'effondrent ses illusions, plus morales que politiques, passant par toutes les phases de l'incrédulité à l’argumentation, de l'abattement à la colère, de la soumission à la fermeté.
Stéphanie Lanier en archange flamboyant de la corruption ambiante, femme jeune, belle, intelligente, et fascinée par le pygmalionisme et le pouvoir de l’éminence grise, est une amazone redoutable, presque parfaite si elle ne commettait deux erreurs fatales : mêler les sentiments aux affaires et sous estimer la vertu. |